Le 12 mars, Domitila s’est éteinte à 74 ans, au bout d’une longue lutte contre le cancer. Les personnes intéressées par les pays « en développement » ont sans doute lu son livre-témoignage paru en 1975 : « Si me permiten hablar » ( Si on me donne la parole).
Elle précisait : « Je ne veux en aucun cas écrire mon livre personnel. Je pense que ma vie est liée à celle du peuple. Je veux parler de mon peuple. Je veux laisser un témoignage de toute l’expérience que nous avons acquise à travers tant d’années de luttes en Bolivie, et apporter un grain de sable avec l’espoir que notre expérience serve à la nouvelle génération ».
Elle naquit en 1937 dans le département de Potosi. Elle était fille de paysans qui migrèrent à la mine pour trouver du travail. Elle épousa un mineur et ils eurent 7 enfants. Dès 1963 elle participa activement au Comité des Femmes au Foyer. En 1975 elle participa à la Tribune de l’Année Internationale de la Femme que les Nations Unies avaient organisée au Mexique. « Ses interventions produisirent un profond impact sur les personnes présentes : c’était dû, en grande partie, à ce que Domitila vivait par elle-même ce dont les autres parlaient »
Militante infatigable, en 1978 elle lança avec quatre autres femmes une grève de la faim pour exiger la libération des dirigeants mineurs emprisonnés. A cette grève se joignirent deux prêtres jésuites, Luis Espinal -assassiné en 1980 par le régime du général Luis García Meza- et Xavier Albó, ainsi que de nombreux syndicalistes, étudiants et militants politiques et sociaux. L’initiative fut l’un des facteurs déterminants du départ du dictateur Hugo Banzer après 7 ans de pouvoir.
En 1990 elle fonde l’Ecole Mobile de Formation Politique « pour transmettre cette histoire qui n’est pas écrite et qui relate les luttes populaires et syndicales du peuple bolivien ». Ses élèves sont parfois des étudiants, ou des paysans, des clubs de mères, des syndicalistes. « Dans ma maison nous avons un petit espace où nous faisons des ateliers, des interviews, mais nous allons vers ceux qui nous appellent.Tout ce que nous demandons c’est qu’ils nous paient le transport et la nourriture. En 2008 nous avons vécu une expérience émouvante dans une petite école rurale : les enfants avaient réuni, centavito par centavito (sou par sou) la somme pour payer notre voyage ! »
L’écrivain uruguayen Eduardo Galeano écrit :
« Je me souviens d’une assemblée ouvrière, il y a bien longtemps, une trentaine d’années. Une femme se leva, au milieu des hommes, et demanda quel était notre ennemi principal. Des voix s’élevèrent pour répondre : « L’impérialisme », « l’oligarchie », la bureaucratie »… Et elle, Domitila Chungara, déclara : « Non, compañeros. Notre ennemi principal c’est la peur, et nous la portons en nous ». J’ai eu la chance de l’entendre. Et je n’ai jamais oublié. »
BOLIVIE: La mort de Domitila Barrios Chungara (mars 2012)
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Commentaires
2 réponses à “BOLIVIE: La mort de Domitila Barrios Chungara (mars 2012)”
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je pars en Bolivie demain samedi 28 avril 2012 et je venais de lire la vie de Domitila; je voulais la connaître et en consultant internet j’apprends qu’elle est morte dernierement le 13 mars; c’est trés triste de voir disparaître un personnage hors du commun qui mérite notre admiration ;où est-elle enterrée, j’aurais aimé lui rendre hommage.
j’espére pouvoir lire la réponse…merci ^jp -
Je pense que le mieux serait de consulter l’ambassade sur place, le nom de Domitila Barrios de hungara doit être bien connu. Je n’ai aucun renseignement sur le lieu où Domitila a été inhumée. Je vais chercher encore parmi les
agences d’information que nous utilisons habituellement et vous indiquerai le résultat de mes recherches, même si cela vous parvient
trop tard.
Merci de consulter nos informations.
Pour le CALJ,
Bernadette Fieux
Je vous joins ce texte écrit en 2007 et trouvé sur internet :67 rue de la Servette
CP 128
1211 Genève 7Tél : 022.740.31.00
Fax: 022.740.31.44
À découvrir…Domitila BARRIOS DE CHUNGARA
Ce portrait fait partie du livre « 1000 femmes pour la paix »
Si on me donne la parole est le titre de son livre le plus célèbre.
Moema Viezzer est la co-auteure de l’oeuvre. Il a fait l’objet de
nombreuses traductions et éditions. Dans celui-ci, Domitila Chungara,
une Bolivienne indigène née en 1937, s’exprime. Elle a survécu à un
massacre et la dénonciation qu’elle en a fait l’a conduite à
l’emprisonnement. Elle a été détenue et torturée de nombreuses fois.
Elle a eu sept enfants, mais en a perdu quatre en raison de cette
violence. Plus tard, avec d’autres femmes, elle a commencé une grève
de la faim qui a gagné en soutien et qui a fait démissionner Hugo
Bánzer, le dictateur bolivien.Dans les mines les plus riches vit le peuple le plus pauvre. Quand
l’urine atteint le sol, elle a déjà été transformée en glace. Seuls
les gens ayant la capacité de travailler ont le droit d’avoir un
logement et de la nourriture. Si un ouvrier est tué ou incapable de
travailler à la suite d’un accident, sa famille sera laissée sans
toit. La femme qui nous raconte ces choses est une des femmes
indigènes de Bolivie, Domitila Chungara. Fille et femme de mineur,
elle a vécu dans les régions minières d’exploitation de l’étain et de
l’argent du haut plateau. Elle fut Secrétaire générale du syndicat
des femmes au foyer. Elle a souffert de la répression, mais n’a
jamais perdu cet espoir que nous avons toujours, qu’un jour les
choses changeront.Les mineurs s’organisèrent. Le gouvernement de René Barrientos
(1966-1969) prit peur. Ils envoyèrent des avions la nuit de la Saint-
Jean. Nous dansions et faisions la fête et les balles qui étaient
envoyées se mêlèrent aux feux d’artifice de la Saint-Jean. Les
soldats ont assassiné des hommes, des femmes et des enfants, sans
pitié. Domitila fut capturée. Elle était enceinte. À cause de la
torture, son bébé mourut. Le temps passa et un autre dictateur
arriva, Hugo Bánzer. Alors l’inimaginable se produisit: Domitila,
avec quatre autres femmes, se rendirent à la capitale et commencèrent
une grève de la faim. Bientôt des milliers de personnes les
rejoignirent et le dictateur tomba.Les injustices continuèrent. Domitila se rendit à l’étranger et y
dénonça les abus. Les autorités de son pays lui interdirent de
revenir. Avec l’aide d’une professeure, elle écrivit le livre « Si on
me donne la parole ». Dans les années 80 elle vécut en exil en Suède.
Une de ses sœurs continua son combat en Bolivie. Elle fut assassinée.
Domitila revint et créa son projet d’école mobile. Avec ce véhicule,
elle alla dans les villages éloignés. Elle parla de ses espoirs pour
un monde meilleur. Mon peuple m’a donné ma force. Il ne cède jamais.Politiquement l’histoire de la Bolivie se caractérise par
l’instabilité. Le dictateur Hugo Bánzer, qui gouverna le pays entre
1971 et 1978 vint au pouvoir après 186 coups d’état. Le sien était le
187e en 146 ans. La Bolivie, un pays qui possède de grandes mines
d’étain et d’argent, a une énorme population indigène qui vit dans la
misère.> PEYRARD JACQUELINE
> jacqueline.peyrard@laposte.net
> 82.66.51.5
> Envoyé le 27/04/2012 à 15:01
> je pars en Bolivie demain samedi 28 avril 2012 et je venais de lire
> la vie de Domitila; je voulais la connaître et en consultant
> internet j’apprends qu’elle est morte dernierement le 13 mars;
> c’est trés triste de voir disparaître un personnage hors du commun
> qui mérite notre admiration ;où est-elle enterrée, j’aurais aimé
> lui rendre hommage.
> j’espére pouvoir lire la réponse…merci ^jp
>
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