Un tremblement de terre de magnitude 7,9 sur l’échelle de Richter a ébranlé la région côtière du Pérou, causant plus de 500 morts, 1500 blessés et des dizaines de milliers de sans abri (45 000 habitations détruites, et seulement 9000 abris provisoires actuellement). Les villes de Pisco (détruite à 80%) à 240 km au sud de Lima, Ica, Chincha, Paracas sont particulièrement éprouvées. L’épicentre était dans l’océan, à 60 km à l’ouest de Pisco et à 47 km de profondeur.
Après les recherches pour sauver des vies en péril sous les décombres, les efforts se sont concentrés sur la lutte contre les épidémies et la fourniture d’aliments et de médicaments aux survivants. La coordination des aides est sans doute l’aspect le plus difficile de cette catastrophe.
Les pays d’Amérique Latine ont apporté leur aide dans différents domaines : Brésil, Colombie, Mexique… L’Union Européenne a annoncé l’envoi de deux millions d’Euros (2,7 millions de dollars). La Turquie, fréquemment éprouvée par ce genre de tragédie, a remis cent mille dollars au gouvernement péruvien, et plusieurs organisations turques participeront en outre à d’autres actions de solidarité.
Le Président Alan Garcia a lancé un programme de reconstruction auquel 4000 jeunes Péruviens vont participer. Une semaine après le séisme, le réseau électrique est déjà rétabli à 20 % selon le gouvernement péruvien.Le gouvernement a également mobilisé les Forces Armées pour prévenir les tentatives de pillages et rassurer la population.
En 2006, un groupe de scientifiques faisait remarquer que la côte péruvienne n’avait pas connu de séisme depuis un certain temps et que l’on pouvait s’attendre, compte tenu du contexte local, à subir sous peu un tremblement de terre de grande intensité. Ces savants déploraient qu’aucune mesure préventive n’ait été envisagée. Ils rappelaient que le système de sécurité sociale n’était pas en mesure de répondre à une catastrophe importante, car les dépenses sociales ne représentent qu’un faible pourcentage du PIB (3% pour la santé).
D’autre part, un rapport de l’ONU daté de 2004 émettait des recommandations concernant l’habitat péruvien : au manque de logement s’ajoute l’état précaire de nombreuses habitations en adobe qui ne sont pas en état de supporter un séisme. Le rapporteur spécial de l’ONU, Miloon Kothari, avait émis la recommandation suivante : “ Le gouvernement doit prêter une attention sérieuse et immédiate à la sécurité des habitants, et améliorer les mesures de prévention et de gestion des désastres ” (parag. 31). A propos de Pisco, le rapporteur avait manifesté sa préoccupation à cause de l’existence d’obstacles qui limiteraient la coordination de l’aide en cas de catastrophe.
Il reste à souhaiter que la reconstruction s’effectue à partir de standards internationaux de sécurité en matière de logement dans une région sismique. Les modules de logements installés dans le passé à Ica pour les sinistrés du phénomène El Niño n’ont subi aucun dommage lors du séisme. Leur structure serait sans doute à recommander…
Selon les informations du quotidien La Republica du 30 août, les travaux de reconstruction commenceraient dans deux mois. Pour le moment, la solidarité péruvienne s’organise sur le terrain. Des points de collecte ont été mis en place pour recevoir des dons : eau dans tous les conditionnements possibles, aliments, vêtements, médicaments. Appel aux dons de sang pour les hospitalisés.
L’AIH (Alliance Internationale des Habitants,*) demande que l’aide internationale au Pérou transite par les ONG, pour garantir que les bénéficiaires soient bien les familles sinistrées.
(L’AIH, qui soutient le droit à un logement digne, s’est créée en 2003 dans les processus promus par le Forum Social Mondial. Son objectif est de tenter de faire front commun aux effets pervers d’exclusion, de pauvreté, de dégradation de l’environnement, de problèmes de transport et de services publics. Les représentants de l’AIH font partie du Comité ONU sur les expulsions.)