(www.rebelion.org)
De nombreux pays riches considèrent les nations en développement comme un réservoir d’où ils peuvent extraire du personnel hautement qualifié et une main d’œuvre bon marché, afin de couvrir leurs propres besoins dans différents secteurs.
Leur faible indice de natalité et le développement scientifique mondial constant les amène à importer des ressources humaines pour les utiliser dans les télécommunications, les finances, les programmes spatiaux, l’ingenierie, ou bien comme main d’œuvre dans la construction ou l’agriculture, pour ne prendre que quelques exemples. Agences spécialisées et sites internet des Etats-Unis et d ’Europe annoncent en permanence programmes de travail et visas en direction de ces nations pour les professionnels des branches les plus variées du savoir.
Ainsi, tandis que les nations pauvres dépensent de l’argent durant 15 à 20 ans (depuis l’école primaire jusqu’au niveau universitaire) pour former techniciens et professionnels, les pays “ développés ” les attirent avec des salaires qu’ils ne pourraient avoir dans leur région natale, et cette situation d’inégalité nuit terriblement aux populations pauvres qui auraient tant besoin des services de leurs techniciens.
La Banque Mondiale qui se caractérise par son appui aux politiques discriminatoires envers les pays pauvres reconnait dans un rapport sur l’Amérique Latine que “ les envois de fonds ne peuvent se substituer à de solides politiques de développement ”.
Dans un autre document intitulé “ Migration, envois de fonds et fuites des cerveaux ”, la BM signale : “ dans les 40 dernières années, plus de 1 200 000 professionnels d’Amérique Latine et des Caraïbes ont émigré vers les Etats Unis, le Canada ou le Royaume Uni. ”
On estime que par ce type de migration, plusieurs pays d’Amérique Centrale, des Caraïbes et d’Afrique ont perdu plus de 30 % de leur population de niveau éducation supérieure.
Le personnel venu de toutes les parties du monde, une fois installé dans le pays, adresse à sa famille restée sur place des “ remesas ” (envois de fonds) qui créent une forte dépendance entre expéditeur et receveur, que ce soit au niveau familial ou entre pays. Plusieurs nations pauvres dépendent de ces envois d’argent pour résoudre leurs besoins urgents, sans que cela représente une solution pour leur développement.
En Amérique Latine, les “ remesas ” représentent un pourcentage important du PIB : 10 % en Equateur, 12 % en Jamaïque, 14 % au Nicaragua, 16 % au Salvador, 17% en Haïti…
Au Salvador, où 60 % de la population vit dans la pauvreté, on estime que chaque année, 720 000 habitants émigrent aux Etats-Unis. De ceux qui restent au pays, 70 % survivent grâce aux “ remesas ” envoyées par leur famille émigrée. Ces sommes permettent aux familles de survivre, de faire éventuellement une dépense urgente et imprévue ( médicaments), mais sans que le pays puisse investir pour son développement. Au plan national, les envois de remesas sont devenus la ressource principale du Salvador, avant le café et les maquilas (usines d’assemblage), les deux activités génératrices de devises.
Par ailleurs, cette dépendance migration-devises est utilisée par les Etats-Unis comme moyen de pression pour obliger les gouvernements à céder à leurs ordres. Il suffit de rappeler le cas des dernières élections présidentielles salvadoriennes où la victoire presque assurée du candidat FMLN (gauche) fut anéantie par la campagne états-unienne qui réussit à faire élire Antonio Saca, de l’ARENA. Fin 2006, au Nicaragua, les protestations populaires firent échouer ce type de manœuvre. En définitive, la dépendance des pays pauvres vis-à-vis de l’envoi de devises les subordonne aux pays riches et ne leur est d’aucune aide pour entreprendre leur propre développement économique.