(Nous empruntons à la revue de Cuba Coopération de janvier 2009 cet article de Ignacio Ramonet, écrivain, journaliste au Monde Diplomatique, qui propose ici une vision intéressante dont nous publions quelques extraits. Lire l’intégralité de l’article sur le site internet : medelu.org de l’association Mémoire des Luttes). Le fait que Fidel Castro ait quitté le pouvoir de son vivant permet une évolution pacifique de Cuba. Après tout, Raúl Castro tient les rênes du gouvernement depuis le 31 juillet 2006, et la vie a suivi son cours sans soubresaut.
Das un premier temps, Raúl Castro et son équipe ont mis l’accent sur trois priorités : l’alimentation, les transports et l’habitat, trois domaines dans lesquels les carences, les pénuries et les dysfonctionnements donnent lieu au mécontentement permanent de la population. Dans les trois secteurs, des avancées ont été constatées…
Par ailleurs, une discussion générale a été lancée à laquelle ont participé plus d’un million de Cubains sur la manière de rendre plus efficace le fonctionnement de l’économie et de lutter contre le bureaucratisme. De nombreuses critiques y ont été émises contre certains dirigeants et contre des fonctionnements de l’Etat socialiste…
De ce débat est sorti un agenda de réformes souhaitées par la majorité des Cubains et que la nouvelle équipe a commencé à mettre en œuvre. Certaines mesures ont déjà été adoptées. Concernant l’agriculture, des terres ont été distribuées à des paysans avec pour seule obligation de produire et de contribuer à la souveraineté alimentaire de l’île. D’autres mesures – réclamées depuis longtemps par une population excédée-, ont également été adoptées. L’administration de l’Etat a été restructurée, allégée. Moins de ministères et moins d’obstacles bureaucratiques pour rendre la vie des Cubains plus normale et moins pénible.
Mais les citoyens sont invités à travailler davantage tandis que certains services publics, gratuits jusqu’à présent, pourraient cesser de l’être : “ Nous devons supprimer la gratuité de nombreuses prestations. Si nous voulons que les salaires aient la juste fonction qu’ils doivent avoir, il nous faut redonner au travail toute sa valeur. Si nous n’adoptons pas les mesures nécessaires pour que les gens ressentent le besoin vital de travailler pour satisfaire leurs besoins, nous ne sortirons jamais de l’ornière… Il faut travailler, chacun doit prendre conscience de la nécessité vitale de travailler, de produire, d’épargner ! ”
Le socialisme cubain est en train d’évoluer. Le fera-t-il à la manière de la Chine ou du Vietnam ? Ces deux pays constituent des exemples que les dirigeants cubains ont étudié de près et qui figurent parmi leurs sources d’inspiration. Mais leur modèle – qui a favorisé le creusement des inégalités – est brutalement mis à mal par l’actuelle crise économique. C’est pourquoi Cuba poursuivra sa propre voie.
La tâche principale qui attend les héritiers de Fidel Castro est de relever l’éternel défi des relations avec les Etats Unis… Les Etats-Unis qui vont découvrir une situation différente de celle qu’ils avaient façonnée dans les années 1960-1990. Cuba n’est plus seule… Il apparaît donc de l’interêt de Washington de redéfinir ses relations avec l’hémisphère latino-américain. Relations qui ne pourront plus être de nature néocoloniale. Et qui seront sans doute précisées par le Président Obama en avril à Trinidad-et-Tobago lors du Sommet des Amériques.
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