(Source : //alainet.org)
Tous reconnaissent que quelque chose a changé au Paraguay depuis l’arrivée du Président Lugo. Non seulement la mise en place de la santé progressivement gratuite dans les hôpitaux, mais aussi l’atmosphère dans la rue, où renait le débat politique. Les syndicats et mouvements sociaux, qui au long des 61 ans de parti Colorado, étaient liés à l’Etat par la répression ou la prébende, se reconnaissent aujourd’hui comme acteurs politiques. Ils se rendent compte qu’à présent il leur faudra négocier les choses, exiger et non mendier.
La politique extérieure est le terrain où le gouvernement Lugo a enregistré le plus de réussites, L’accord signé avec le Président brésilien Lula triple les revenus paraguayens par la vente de son énergie hydro-électrique de Itaipu. “ De la sempiternelle soumission Colorado au Brésil, on est passé en un an à défendre avec une dignité remarquable les droits souverains du Paraguay face au géant voisin ”.
De même, le refus des manœuvres militaires étatsuniennes dans le cadre de l’opération “ Nouveaux Horizons ” est un autre fait historique dans ce pays qui au temps de la guerre froide agissait en fidèle allié de l’impérialisme yanqui. La position d’observateurs dans l’ALBA (Alliance Bolivarienne pour les Amériques) est un autre exemple significatif du virage diplomatique de cet Exécutif.
Mais les résistances au changement sont profondes. Il est vrai que ce gouvernement semble “ ne pas avoir de feuille de route ”, d’orientation claire. Effectivement il en est ainsi pour deux raisons : d’une part, l’extrême diversité idéologique du gouvernement – de la gauche marxiste à la droite traditionnelle- rend difficile un consensus idéologique et programmatique. D’autre part, la posture dubitative de Lugo, qui manœuvre pour contenter tous les secteurs mais sans se positionner nettement.
Au Parlement les partis de droite disposent d’une majorité écrasante et s’appliquent à saboter toute tentative de loi progressiste et populaire. Leur constante menace d’activer le “ jugement politique ” contre le Président, – ce qui amènerait sa destitution – , a converti le Congrès en avant-garde du Putchisme, du coup d’Etat législatif, aui a des similitudes avec le “ modèle hondurien ” . En politique économique, la continuité est manifeste. Il est vrai que c’est le domaine le plus complexe. Le Ministre des Finances était déjà ministre sous le gouvernement de Duarte, c’est un fidèle des directives du FMI.
Quant à la Réforme Agraire, thème très important dans ce pays aux fortes racines rurales, les avancées sont minimes, en partie parce que le gouvernement craint de s’affronter à la puissante oligarchie du soja et de l’élevage, et surtout du fait de l’entente formée par le Parlement, le Pouvoir Judiciaire et les chefs d’entreprise des zones rurales. La réforme la plus tiède est considérée comme inadmissible par les groupes traditionnels du pouvoir économique. Dans ce pays où n’existait pas l’impôt sur le revenu, récemment un congressiste a qualifié la proposition d’Impôt sur le revenu de mesure “ marxiste ” !
Le grand défi que se propose le gouvernement Lugo pour l’instant est la mise sur pied d’un ensemble de programmes sociaux ayant un fort impact sur les secteurs populaires, pour renverser la tendance à la désillusion. Puis la stimulation de la participation citoyenne dans les grandes villes. La combinaison de ces deux variables permettrait le progrès des organisations des secteurs populaires qui dès le premier jour ont été la base du soutien au président Lugo. A suivre donc.…
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