(Sources : www.telesurtv.net – www.rebelion.org – www.jornada.unam.mx – AFP)
Début juin 2009, des affrontements dans la région amazonienne de Bagua, à environ mille km au nord de Lima, faisaient plus de trente morts et une centaine de blessés, dont des policiers et des indigènes.A l’origine, une route bloquée par 2500 indigènes de 65 ethnies qui réclamaient depuis deux mois sans résultat la dérogation de lois concernant leur territoire et l’environnement, en relation avec l’exploitation de ressources pétrolières au bénéfice d’entreprises multinationales.
Malgré les versions contradictoires des deux parties, il semble que le gouvernement ait ordonné de dégager la route, que les indigènes aient pris en otages plusieurs policiers, puis que l’épisode se soit achevé par une opération militaire.
Le gouvernement de Alan García justifia l’action de la police chargée de veiller à l’ordre et à la sécurité. Il soutint que derrière la manifestation se cachaient les intérêts idéologiques nationaux et internationaux des « ennemis du développement », et que les indigènes avaient l’appui de partis politiques d’opposition au gouvernement .Son premier ministre affirma qu’ils avaient utilisé des armes à feu.
Les leaders indigènes assurèrent, au cours d’une conférence de presse à Lima, qu’ils n’avaient pas d’armes à feu, que la manifestation avait été pacifique de leur part et que seuls les policiers tiraient à balle. Ils attribuèrent le « génocide » au Président García, ainsi qu’au leader du Congrès qui avait récemment ajourné le débat sur le décret « Loi Forestière et Faune sylvestre » dont les indigènes exigeaient la dérogation, puis refusé également les tentatives de dialogue avec les intéressés, laissant ainsi la situation s’enfoncer dans l’impasse.
Pour les indigènes, « le gouvernement veut remettre nos ressources naturelles, comme le pétrole et le gaz, aux entreprises étrangères, ce qui suppose de privatiser nos terres ».
Le leader de l’opposition, Ollanta Humala, condamna les agissements du gouvernement dans la localité de Bagua : « Le gouvernement a décidé de résoudre le problème social, économique et politique, non pas au Congrès mais sur le champ de bataille ».
Pérou : industrie minière imposée à feu et à sang.
(Source : ALAI, alainet.org)
Le gouvernement d’Alan García veut maintenir sa politique économique néolibérale et impose des activités minières, forestières et d’hydrocarbures dans les territoires des communautés indigènes, plaçant l’intérêt individuel des entreprises avant le droit de propriété communale, avec l’argument de croissance et de développement économique. Pour cela il n’hésite pas à faire appliquer des normes inconstitutionnelles, ni même à recourir à la force policière et militaire. Tout projet minier viable est déclaré « d’intérêt national » afin de couvrir de légalité la violation des droits des communautés et peuples indigènes.
En un an, la part de territoire national concédé à l‘industrie minière est passée de 13,45 % à 15,38 %, sans compter les concessions d’hydrocarbures qui couvrent 75 % du territoire de l’Amazonie péruvienne. Cette politique de concessions provoque des conflits sociaux dans tout le pays. Non seulement les indigènes sont spoliés de leurs espaces de vie mais ils subissent une politique de criminalisation et de violation de leurs droits.
Le 5 avril dernier une vive tension règnait dans le sud du Pérou où 7000 mineurs informels en grève, dans la région d’Arequipa, maintenaient bloquée la Panaméricaine que la police voulait rouvrir de force. Sur trois km les grévistes avaient placé des troncs et des pierres. Cinq personnes trouvèrent la mort et une vingtaine furent blessées.
La grève était lancée par la Fédération des Mineurs-Artisans qui refuse un décret du gouvernement qui les oblige à se formaliser pour réduire la pollution environnementale. Les mineurs affirment que cette mesure a comme toile de fond de remettre les gisements informels, ceux d’or en particulier, aux grandes entreprises minières. Le Pérou vient au 5ème rang mondial pour la production d’or.
Le gouvernement refuse le dialogue avec les grévistes. Le secrétaire général de la Fédération des Mineurs affirme que les mineurs veulent bien formaliser leur activité mais que le gouvernement n’a pas tenu ses promesses : « Il nous a promis de nous donner en novembre un plan national de formalisation de l’activité minière informelle mais il ne l’a pas fait ».
Cependant les mineurs sont disposés à dialoguer pour trouver une solution au conflit. Leur dirigeant a dénoncé que le gouvernement a dérogé une norme légale qui considère l’activité minière informelle comme activité de subsistance. « Le gouvernement donne des facilités aux grandes industries minières multinationales, mais il réprime les mineurs péruviens ».
A Lima, des centaines de mineurs informels ont commencé une marche de protestation en direction du Congrès, surveillés par un fort contingent policier. A Madre de Dios, 1300 km au sud-est de Lima, des groupes de mineurs-artisans se mobilisent aussi et bloquent plusieurs voies d’accès tandis qu’à Palpa, 400 km au sud de Lima, d’autres groupes ont bloqué la Panaméricaine.
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