mai 2010 (Source : www.rebelion.org)
Le coup d’Etat du 28 juin 2009 contre l’ex-président Manuel Zelaya avait donné suite à des élections considérées comme « illégitimes » par de nombreux citoyens honduriens, et le Président Porfirio Lobo qui assume son mandat depuis janvier ne parvient pas à freiner la résistance populaire pacifique qui s’est généralisée dans le pays. Nous présentons ici les déclarations de Carlos Reyes, président du Syndicat des Travailleurs de l’Industrie Alimentaire et l’un des leaders du FNRP (Front National Populaire de Résistance), récemment en visite de solidarité en Suisse et en Espagne.« Pour nous ce gouvernement est illégitime, c’est le produit direct du coup d’Etat de l‘an dernier. Lobo n’a même pas obtenu 30 % des votes, avec une très forte abstention. Ils ont appliqué le scénario conçu par les Etats-Unis basé sur l’hypothèse que toute la situation se résoudrait avec les élections, mais ce n’est pas le cas. Et de nombreux gouvernements latino-américains qui voient ce qui se passe au Honduras redoutent un nouveau processus d’agression contre les pays du continent. Il y a des signes préoccupants : l’installation d’une nouvelle base militaires étatsunienne, la seconde dans notre pays ; les nouvelles bases en Colombie ; la continuité de la base de Guantanamo : cette militarisation rappelle des époques passées.
La cause du Coup d’Etat est essentiellement géopolitique : c’est le projet étatsunien de réarmer deux gendarmes dans notre région : le Honduras en Amérique centrale et la Colombie en Amérique du Sud. Avec l’intention claire que s’ils ne contrôlent pas l’Amérique Latine, – leur arrière-cour – ils ne pourront pas dominer le monde .
On a voulu présenter le programme de Porfirio Lobo comme un gouvernement d’unité nationale, d’intégration, ouvert à une prétendue amnistie et qui impulserait l’installation d’une Commission de la Vérité. Mais il ne peut y avoir ni unité ni intégration à partir d’élections falsifiées. Et à quoi peut servir une Commission de la Vérité si eux-mêmes s’auto-amnistient ?
La principale réalité est que la résistance accroit sa force. Premier grand défi : recueillir d’ici le 28 juin au moins un million de signatures exigeant une consultation populaire et une Assemblée Constituante. Le 1er mai nous organisons six grandes manifestations dans des villes importantes du pays. Maintenant la résistance s’est généralisée dans tout le pays.
Notre résistance a surpris les gens des autres pays, mais en réalité elle n’est pas née d’un jour à l’autre. Nos peuples résistent depuis plus de cinq siècles. Dans son histoire contemporaine le Honduras a toujours été utilisé comme base des opérations étatsuniennes dans tout le continent : pour agresser le gouvernement guatémaltèque de Jacobo Arbenz dans les années 50 ; comme base opérationnelle de la tentative d’invasion contre Cuba dans les années 60 ; depuis la base de Palmerola pour les agressions contre le sandinisme au Nicaragua et contre le Front Farabundo Marti de Libération Nationale du Salvador, dans les années 80. Un mouvement populaire très actif a existé, il fut durement réprimé : de nombreux morts, des disparus…
Peu après le coup d’Etat de juin dernier, le processus de résistance s’est mis en marche.
Il existe une grande diversité parmi les membres de la résistance : forte participation juvénile, les femmes, le mouvement syndical, les paysans, les enseignants, l’entreprise privée, les indigènes, les noirs, et les groupes d’homosexuels, qui ont souffert de nombreuses attaques. Dans la mesure où ces alliances peuvent se maintenir, nous pouvons triompher. Nous sommes actuellement la principale force politique du pays.
Nous allons continuer notre lutte pour une Assemblée Constituante qui permette de refonder la Nation. Quant à Porfirio Lobo, son échec est à prévoir, comme dans tous les cas historiques en Amérique Latine avec des gouvernements faibles. Ou bien il sera renversé par le peuple ou bien il devra chercher une issue politique…
Ce qui nous préoccupe beaucoup, c’est que les crimes et agressions continuent contre les membres de la résistance et les journalistes indépendants, ainsi que les violations des droits humains.Il est important que la communauté internationale refuse de reconnaître ce gouvernement, que les pays de l’Union Européenne ne signent pas le Traité de Libre Commerce avec l’Amérique Centrale dans les conditions actuelles et que l’on cesse de criminaliser les protestations politiques et sociales légitimes, réaction directe contre le putsch et les élections illégitimes. »
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