( www.rebelion.org)
Bref rappel.
Au Honduras, depuis le départ forcé, le 28 juin 2009, du Président Manuel Zelaya, qui vécut provisoirement en République Dominicaine, la résistance au gouvernement de facto de Porfirio Lobo s’est accrue et organisée. Ce gouvernement avait espéré que la résistance ne serait qu’un feu de paille. Or les nombreuses atteintes aux Droits Humains, les assassinats de paysans, les mesures gouvernementales répressives, les décisions impopulaires, ont contribué à exaspérer le peuple qui, toujours en contact avec Zelaya, attend son retour avec impatience.
Les “ torts ” de Zelaya.
Il prend le pouvoir en janvier 2006 et, élu comme membre du Parti Libéral, il crée la surprise en s’entourant de conseillers dont la pensée politique ne courbe pas l’échine devant les dictats de l’économie néolibérale. Ses mesures s’adressent aux masses traditionnellement exclues. Il ose s’attaquer à la corruption des puissants, notamment des militaires. Les forces de l’oligarchie et des multinationales commencent à l’accuser à travers les médias à leur solde.
Tandis que le FMI et la Banque Mondiale veulent le persuader que l’activité agro-pastorale doit être financée uniquement à travers l’entreprise privée, Zelaya accorde des aides aux petits paysans et augmente le salaire minimum, au grand mécontentement des entreprises et des multinationales.
Zelaya engage son pays dans l’ALBA, vers la solidarité avec les nations du Sud. Il signe un accord avec Petrocaribe pour acheter directement le combustible et le vendre au consommateur national, investissant le produit pour des réalisations énergétiques et sociales.
En fait il ouvre les yeux des masses jusqu’ici exclues, et son rapprochement avec Chávez, Castro et Ortega est dénoncé par les riches qui vivent toujours dans la peur du communisme.
En l’absence de Zelaya.
Il est rapidement apparu que les Etats-Unis avaient leur part de responsabilité dans la séquestration de Zelaya. Sur le plan militaire, entre autres, le Honduras vit depuis longtemps sous la coupe des Etats-Unis.
Les militaires qui avaient emmené de force Zelaya en avion au Costa Rica calculaient que cette affaire agiterait ses partisans durant deux semaines puis qu’ils oublieraient rapidement. En quoi ils se trompaient. Zelaya avait montré au peuple qu’il avait des droits, le peuple découvrait qu’il pouvait résister à une situation illégale et à l’oppression.
Les résistants constituent le Front National de Résistance Populaire (FNRP), qui réclame avec insistance le retour de son chef légitime, tandis que les partisans de l’oligarchie préparent des élections qui mettent en place un président de facto, Porfirio Lobo.
Un an et demi passe…
Zelaya est accueilli en République Dominicaine. De là, il correspond avec le FNRP. Au Honduras, la répression et les assassinats continuent : une dizaine de journalistes, 27 paysans en 15 mois, dirigeants syndicaux, étudiants…
Les enseignants sont visés par une mesure qui veut privatiser l’enseignement. Ils manifestent, entament une grève de la faim. En guise de répression leurs salaires sont suspendus. Suppression des libertés des ONG, sommées de déclarer à l’Etat l’usage des dons reçus, afin d’éviter qu’elles soutiennent le FNRP.
Lobo prend aussi d’autres mesures impopulaires : augmentation des impôts municipaux, approbation de “ villes modèles ”, c’est-à-dire transformation de grandes parties du territoire en enclaves administrées par des multinationales, voire par d’autres Etats.
Réactions.
La Mission Internationale des Droits Humains dénonce en février 2011 que “ répression et violence continuent contre des organisations sans défense ” et que “ les crimes commis restent impunis, d’où des violations répétées des Droits Humains ”.
Divers organismes de coopération suspendent leur aide au Honduras. Aide internationale et lignes de crédit vont faire durement défaut au pays.
Le Honduras est exclu de l’OEA (Organisation des Etats Américains). L’UNASUR (Union des Nations sud-américaines) ne reconnaît pas le gouvernement Lobo. Elle déclare qu’une normalisation n’est pas envisageable tant que Zelaya, qui avait été élu démocratiquement, est privé de droits politiques dans son pays.
Cette situation tourne à l’impasse pour le gouvernement de facto. Quant à Roberto Micheletti, qui a conduit les putchistes en juin 2009, il a été nommé par le Parlement “ député à vie ” et décoré “ premier héros national du 21ème siècle ” par l’association nationale des industriels honduriens, afin de récompenser “ son combat pour que le Honduras ne tombe pas dans le socialisme ” ! !
Initiatives des pays voisins.
Lors d’une réunion de l’OEA, le président colombien Juan Manuel Santos et le venezuelien Hugo Chávez prennent l’initiative d’un rapprochement diplomatique entre Zelaya, Porfirio Lobo et Barahona, porte-parole du FNRP.
(Colombie et Venezuela, jusqu’ici peu enclins à coopérer, trouvent à présent, pour diverses raisons qui sortent du cadre de ce texte, des avantages réciproques à un rapprochement).
Cette évolution positive a pour conséquence que l’OEA (sauf l’Equateur) approuve le retour en son sein du Honduras, à quatre conditions :
• le retour de tous les exilés honduriens, dont Manuel Zelaya,
• la mise en place d’une assemblée nationale constituante “ démocratique et participative ”,
• la reconnaissance du FNRP en tant que parti politique,
• le démantèlement des structures issues du coup d’Etat et le châtiment des putchistes.
Retour de Zelaya.
Le premier point est aussitôt accepté par Lobo. Le 28 mai Zelaya arrive au Honduras parmi ses partisans en liesse. Quant aux autres points de la décision … il faudra suivre les évènements !
( Lire aussi dans “ Le Monde Diplomatique ” de juin, p.10-11, l’article de Maurice Lemoine “ Bras de fer au Honduras ”)
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