( www.rebelion.org et La Chronique d’Amnesty International (sept. 2011)
Le 11 septembre avaient lieu les élections générales au Guatemala. Pour les présidentielles, les électeurs pouvaient choisir parmi 28 partis politiques et 10 candidats.
Après examen de 95 % des votes, on peut affirmer que deux candidats sont en tête et pourront se présenter au 2ème tour le 6 novembre : le général en retaite Otto Pérez Molina du PP (Parti Patriote, droite) qui réunit 35,98 % des suffrages, et le populiste Manuel Baldizón, du LIDER ( Liberté Démocratique Rénovée, droite) avec 23,53%.
Rigoberta Menchú, prix Nobel de la Paix 1992, qui se présentait également, soutenue par l’ex-guérilla et le parti indigène Winaq, ne totalise que 2% environ. Assistera-t-on à un retour au pouvoir des militaires ?
En attendant les résultats du 6 novembre au Guatemala (en même temps que l’élection présidentielle au Nicaragua) lisons ce témoignage emprunté à LA CHRONIQUE d’Amnesty International de septembre 2011 :
GUATEMALA CITY. Plus de dix ans après l’accord de paix qui a mis fin à la plus longue des guerres civiles centraméricaines, ( 36 ans) la violence n’a pas cessé au Guatemala et demeure la préoccupation majeure de la population.
Le pays n’en finit plus de compter ses morts. On dénombre une moyenne de 20 meurtres par jour depuis le début d’année, rien que dans la capitale. Les rues de Guatemala City sont aujourd’hui parmi les plus dangereuses au monde.
Je suis arrivé en juillet 2008. Celso, mon guide, m’a prévenu qu’une vieille dame venait de se faire tuer pour avoir klaxonné trop fort. Le lendemain nous nous sommes procuré un scanner afin de suivre les conversations de la police pour arriver le plus tôt possible sur les scènes de crime. Il y en avait une dizaine par jour, mais nous n’en couvrions que deux ou trois en raison de l’immensité de la ville. Je demandais systématiquement l’autorisation de la famille du défunt avant de prendre une photo.
Un jour, dans un quartier tenu par un cartel mexicain, deux hommes ont juste “ surveillé ” notre voiture, parce que notre travail n’interférait pas avec le trafic de drogue. Cette semaine-là il y a eu toutes sortes de meurtres : des membres de gangs, le recteur d’une université, un lycéen, des passants. Personne n’est à l’abri. Les gens ne sortent plus. A la nuit tombée, il n’y a plus de vie sociale.
Les causes de cette violence sont multiples : après 30 ans de guerre civile, il y a encore quelque 360 000 armes légales en circulation dans le pays et près de deux millions d’armes illégales (chiffres de fin 2007). La justice est inefficace, les politiciens corrompus et le lobby des armes puissant.
Les Maras, ces gangs ultra-violents nés en Californie, enracinés en Amérique Centrale après la multiplication des expulsions, prolifèrent. Liés aux narcotrafiquants, ils ont découpé Guatemala City en zones de transit de la drogue.… Aujourd’hui un tueur à gages coûte cent quetzals (10 euros). Pour cent quetzals de plus, on peut faire disparaître le corps. Comme le répètent les habitants :“ ici la vie ne vaut rien ”.…
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