6 novembre : deux élections dans des contextes différents mais avec un ennemi commun : la pauvreté.
(www.rebelion.org / www.noticiasaliadas.org)
GUATEMALA.
Le général en retraite Otto Pérez Molina, du Parti Patriote, a été élu. Il fut l’un des responsables de la politique de la “ terre brûlée ” dans la région du Quiché pendant la guerre civile qui a ensanglanté le pays pendant 36 années (de 1960 à 1996).
Molina a proposé la politique de la “ mano dura ” face à la violence et la délinquance, et “ cette orientation rejoignait les tendances conservatrices et autoritaires enracinées dans la structure sociale guatémaltèque”, tendances qui se voient renforcées par le succès électoral de Molina. La première intention du nouveau Président est de revenir à une plus forte participation de l’armée pour combattre les cartels de la drogue. Le retour aux Patrouilles d’Autodéfense Civile (PAC)* et l’apparition d’accusations contre les militants d’organisations “ révolutionnaires ” rappellent déjà le Guatemala des années de conflit armé interne.
Dans la situation sociale actuelle, l’augmentation du problème chronique de la pauvreté entraine l’accroissement de la migration vers les Etats-Unis malgré les mesures de plus en plus restrictives de ce pays. 60 % des enfants de 1 à 5 ans souffrent de malnutrition. Cette réalité liée étroitement au modèle néolibéral existant pousse des secteurs paysans à produire du pavot pour gagner de l’argent. Le pouvoir du narcotrafic s’est affirmé ces dernières années dans diverses zones du pays : drogues et armes deviennent “ un binôme inséparable ”
* PAC : Les Patrouilles d’Autodéfense Civile furent l’un des instruments-clés dans la lutte contre-insurrectionnelle menée par l’armée du Guatemala durant le Conflit armé interne. Elles furent responsables de nombreuses violations des droits humains.
NICARAGUA.
Daniel Ortega est triomphalement élu avec 64 % des voix. A l’Assemblée le FSLN compte 62 députés, (dont 33 femmes) alors que le PLI n’en a que 26 et le PLC 2. Le Président promet de poursuivre ses actions sociales contre la pauvreté. L’opposition des partis traditionnels à Ortega est fragile, velléitaire et timorée. Mais à l’issue du scrutin, les contestations n’ont pas manqué : le PLI, dont le leader octogénaire Fabio Gadea crie à la fraude, et les remarques fondées de diverses personnalités non impliquées dans la course aux voix :
“ Le Nicaragua ne peut continuer avec cet artifice médiéval selon lequel chaque élection est une dispute entre le Bien et le Mal, entre le Ciel et l’Enfer. Manipuler la conscience citoyenne et, pis encore, la foi, est une fraude de basse intensité ” (El Nuevo Diario, Opinions).
“ Le peuple du Nicaragua a montré sa volonté de paix en venant aux urnes et en défendant son vote par sa mobilisation. Mais cette volonté a été violée par le Président de la République à travers son contrôle absolu sur le Conseil Suprême Electoral. Nous ne reconnaissons pas ces élections nationales.Leur déroulement a été une insulte aux Nicaraguayens et a provoqué une juste indignation ”(Coordinadora Civil, décembre 2011)
“ Il y avait dans ces élections douze mille bureaux de vote et dans près de quatre mille d’entre eux le parti officiel est resté seul au moment de compter les votes, sans un seul représentant de l’opposition. Dans toutes les structures, de bas en haut, le parti officiel avec ses mille mains et ses mille visages, jusqu’au Conseil Suprême Electoral, tout entier constitué de magistrats du parti officiel… Une grande mise en scène, une grande farce… ”(Sergio Ramírez, écrivain, ancien membre du gouvernement dans les années 80).
“ Ce que le FSLN a offert au pays durant ces 5 années n’est pas le pluralisme et ne répond pas au changement. C’est une option d’assistencialisme social de masse, avec l’esprit quasi religieux de la “ charité ” traditionnelle, installant chez ses militants, sympathisants et dans le reste de la société une “ pensée unique ” qui ne connaît plus la loi mais seulement le gouvernant qui la supplante. ” (Envío, décembre 2011)
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