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Dernièrement le Haut Commissariat de l’ONU pour les Droits Humains a exprimé sa profonde déception pour la promesse non tenue du gouvernement nord-américain : Il rappelle que le Président Obama ordonna, il y a trois ans, la fermeture de cette prison créée sur la base de Guantanamo, en territoire cubain occupé par les Etats-Unis. Cette installation continue de fonctionner et maintient en captivité des personnes détenues de manière arbitraire et pour un temps indéfini, violant ainsi la loi internationale.
Pour aggraver les choses, en décembre dernier une loi fut signée (National Defense Authorization Act) qui normalise la détention illimitée sans charges ni jugement.
Cette législation viole des principes fondamentaux de la justice et des droits humains, et le Haut Commissariat pour les Droits Humains réaffirme aux autorités étatsuniennes leur obligation de garantir que les individus privés de leur liberté soient ou jugés par la justice ou remis en liberté. Il demande aussi que toutes les violations de droits survenues dans la prison de Guantanamo fassent l’objet d’enquêtes , y compris les cas de torture. Il souligne que les responsables de la mise en pratique de méthodes coercitives d’interrogatoires analogues à la torture sont tenus de rendre des comptes.
Le Haut Commissariat aux Droits Humains insiste auprès du Congrès nord-américain pour décider de la fermeture du centre de détention de Guantanamo
L’illégalité de maintenir cette base militaire en territoire cubain a été passée sous silence dans les grands médias occidentaux qui s’alignent sur les intérêts de Washington depuis plus d’un siècle, tandis que de son côté, Cuba a toujours eu soin de maintenir sa dénonciation à un niveau diplomatique, plutôt discret, pour éviter de fournir aux Etats-Unis un prétexte pour une agression militaire à propos de prétendues actions cubaines liées à leur présence indésirable.
J. Hansen, professeur à l’Université d’Harvard, a récemment publié un article dans le New-York Times (NYT) : « Rendons Guantanamo à Cuba ». Il rappelle qu’en avril 1898, alors que les Cubains avaient pratiquement gagné la lutte contre le colonialisme espagnol, les Etats-Unis intervinrent et convertirent la guerre d’indépendance de Cuba en ce qu’ils appellent encore « guerre hispano-américaine » Occupant l’île pendant trois ans, ils exclurent l’armée indépendantiste de Cuba dans la négociation de l’armistice et refusèrent la présence des Cubains dans la conférence de paix de Paris.
Même si dans leurs déclarations du début du siècle, les Etats-Unis garantissaient qu’ils ne prétendaient pas intervenir dans « la souveraineté, la juridiction ou le contrôle » de Cuba, peu après la guerre, les impératifs stratégiques primèrent sur le respect de l’indépendance cubaine, dit l’article paru dans le NYT. Le général Leonard Wood, nommé gouverneur militaire de Cuba par le Président William McKinley, introduisit les dispositions connues sous le nom « d’amendement Platt », dont celle qui octroyait aux Etats-Unis le droit d’intervenir à volonté dans les affaires cubaines, et celle qui institua la vente ou la location à perpétuité de stations navales à Cuba.
L’alternative à l’amendement Platt, selon les informations de Wood aux délégués de l’Assemblée Constituante, était la continuation de l’occupation. Durant les deux décennies suivantes, les Etats-Unis envoyèrent à diverses reprises des Marines « protéger leurs intérêts à Cuba » et 44 000 Nord-Américains s’établirent dans l’île pour y impulser l’investissement de capitaux.
Cette histoire est exclue des livres scolaires étatsuniens et laissée de côté dans les débats sur le terrorisme ou le droit international. Mais c’est une histoire connue de tous à Cuba et dans toute l’Amérique Latine ; elle explique pour quelles raisons Guantanamo continue d’être, pour le monde entier, un symbole évident de l’hypocrisie.
Le professeur Hansen rappelle dans son article que « dès le moment où le gouvernement des Etats-Unis a obligé Cuba à louer un terrain dans la baie de Guantanamo comme base navale en juin 1901, leur présence a servi à rappeler au monde la longue histoire du militarisme interventionniste de Washington. Dans l’impasse actuelle des relations cubano-étatsuniennes, peu de gestes auraient un effet plus salutaire que la restitution de ce bout de terre tant convoité. »
« Si Obama mettait en marche le processus de restitution de Guantanamo à Cuba, il commencerait à réparer les erreurs de ces dix dernières années qui pèsent sur nous, pour n’avoir pas tenu la promesse de sa campagne électorale. Ainsi il rectifierait un affront séculaire et assoirait les bases de nouvelles relations avec Cuba et avec d’autres pays de l’hémisphère et du monde », conclut l’article paru dans le NYT.
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