(www.alainet.org)
La campagne « semences d’identité » élargit son action.
Un premier Forum-Débat a eu lieu en avril dernier à Managua (Nicaragua) sur le thème « Agroécologie et semences d’origine ». Il était organisé par la Campagne « Semences d’identité » et ses réseaux associés : le programme « Campesino a Campesino » de la UNAG, le groupe de Promotion de l’Agriculture Ecologique, la Ligue de Défense des Consommateurs), le Groupe d’Intérêt pour la Sécurité Alimentaire, le Centre Humboldt, l’Alliance Centroaméricaine de Protection de la Biodiversité, le Mouvement Agroécologique du Nicaragua et l’organisation suisse Swissaid.
Les principaux objectifs de ce forum étaient de lancer un débat sur l’agroécologie et les risques des transgéniques pour la biodiversité en Mésoamérique, partager et renforcer les initiatives concernant la protection, la conservation, la multiplication, l’amélioration et la promotion des semences d’origine, comme stratégie de sécurité alimentaire, et identifier les défis à surmonter pour la protection de l’agro-biodiversité de la région.
Selon Miguel Altieri, président de la Société Scientifique Latinoaméricaine d’Agroécologie, le modèle d’agriculture industrielle qui domine aujourd’hui la production d’aliments n’est plus soutenable et les principes sur lesquels il s’est créé ne sont plus valides.
« Le modèle de la Révolution Verte a échoué : nous avons presque mille millions d’affamés dans le monde et une quantité impressionnante de problèmes environnementaux. Nous avons besoin d’un nouveau paradigme qui est l’agroécologie.
Grâce à elle, nous récupérons les connaissances traditionnelles millénaires de l’Amérique Latine et nous introduisons les éléments de la science moderne, de l’écologie et de l’agronomie. De cette manière nous favorisons un dialogue de savoirs pour créer une nouvelle agriculture ».
Ainsi l’agroécologie est vue comme l’instrument fondamental pour atteindre la souveraineté alimentaire et la résilience face au changement climatique, heurtant de front les intérêts des grandes entreprises multinationales de semences.
« Il s’agit d’une science militante qui s’engage pour une cause sociale et il est inévitable qu’elle heurte les grands intérêts des multis, un lobby qui contrôle le système alimentaire et qui continue de proposer un modèle déjà obsolète. Nous avons besoin de quelque chose de totalement différent parce que la crise globale que l’humanité est en train d’affronter est le produit du système capitaliste, et nous ne pouvons pas résoudre les problèmes avec les mêmes outils que le capitalisme et le marché » ajouta Altieri.
L’expert encouragea le gouvernement nicaraguayen à profiter de ce moment historique pour faire avancer l’agroécologie dans son pays, « non pas comme un simple gadget mais comme le chemin à suivre en investissant les ressources nécessaires à ce changement de modèle de production ».
A ce propos, le directeur général de l’Institut Nicaraguayen de Technologie Agropastorale (INTA), assura que le Nicaragua est déjà sur la voie de cet objectif, « bien que de manière graduelle, étant donné le retard qui caractérisait le pays ».
Transgéniques.
Durant les activités du séminaire auquel participèrent plus de cent délégués et experts du Mexique, du Costa Rica, du Salvador et du Nicaragua, le débat se porta sur le thème des transgéniques.
« Nous tenons à déclarer fermement notre refus des transgéniques. Nous n’en avons pas besoin parce qu’au Nicaragua et dans toute la région existe une grande variété de semences d’origine qui ont été sauvegardées par la population paysanne » déclara le directeur de la Campagne « Semences d’identité ».
Selon Altieri, les transgéniques ne servent pas à nourrir le peuple ni à garantir la sécurité alimentaire. » Dans le monde il y a 180 millions d’hectares ensemencés avec des transgéniques et pas un seul ne nourrit les personnes qui souffrent de la faim sur la planète. Ils servent à produire des agrocarburants et à alimenter le bétail de Chine et d’Europe. »
Campagne « Semences d’identité ».
La Campagne qui entre dans sa cinquième année analyse les résultats obtenus :
« Nous travaillons avec 35 000 familles paysannes de presque tout le pays. Elles produisent leurs propres semences et continuent de les améliorer. Nous avons aussi identifié plus de 300 variétés de semences d’origine pour les frijoles (haricots), le maïs, le sorgho, les légumineuses, le riz et le blé, et plus de 250 banques de semences ont été créées ».
Le Coordinateur de la Campagne expliqua aussi leur contribution à la création at l’approbation de la Loi de Biosécurité et à la Loi de Promotion de l’Agroécologie, ainsi qu’à la création de la Loi de Biodiversité, encore en attente d’approbation.
De plus, par arrêté municipal, cinq municipalités ont pu déclarer leur territoire libre de transgéniques.
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