COLOMBIE : Le long chemin vers la Paix (Janvier 2013)

(www.rebelion.org/ www.alainet.org )

Les guerillas.
La violence et la résistance sont des réalités depuis la colonisation de l’Amérique. Une longue succession d’évènements a marqué l’histoire de la Colombie et généré l’émergence de guérillas.
Actuellement la guérilla FARC-EP ( Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, Armée du Peuple) et le gouvernement amorcent la démarche vers une paix « durable et stable ». L’autre groupe de guérilla, l’ELN (Armée de Libération Nationale) a exprimé son désir de se joindre aux négociations.
La guerre en Colombie est l’une des plus vieilles du monde. L’origine en est l’assassinat par l’oligarchie, en 1948, d’un leader très populaire qui réclamait justice sociale, réforme agraire, et réforme du système financier.
Les FARC-EP et l’ELN sont nées en réponse aux massacres des groupes de paysans de Marquetalia, les FARC influencées par le communisme, et l’ELN s’inspirant de la stratégie de Che Guevara, avec le prêtre révolutionnaire Camilo Torres (tombé en 1966).

Comment ce processus de marche vers la paix a-t-il commencé ?
Le Président colombien, Juan Manuel Santos, dit que les premières discussions informelles avec les FARC ont débuté dès son arrivée à la présidence, en août 2010. Ce contact se prolongea durant un an et demi jusqu’au 23 février 2012, où un dialogue exploratoire commença à La Havane.Il se termina le 26 août avec la signature d’un Accord Général pour la fin du conflit et la Construction d’une « Paix Stable et Durable », qui établit les principes et procédés des négociations.

Un cessez-le-feu sera-t-il déclaré ?
Juan Manuel Santos a déclaré qu’il est favorable aux dialogues de paix, mais qu’il ne cessera pas de combattre la guérilla durant les  négociations. C’est la principale différence avec le processus précédent qui eut lieu dans la localité de San Vicente del Caguán entre 1999 et 2002. La décision de poursuivre les opérations militaires met à l’épreuve la volonté des FARC de mettre fin à la guerilla.

La situation des FARC.
Les FARC sont le groupe de guerilla le plus important de Colombie et une des armées irrégulières les plus riches du monde, en grande mesure, – croit-on -, grâce au narcotrafic et à  l’exploitation illégale de l’or. Mais selon les chiffres de l’armée colombienne, le groupe n’a plus que 8000 combattants, la moitié de son effectif d’il y a dix ans. Durant ces dix dernières années, les FARC sont passés de l’attitude offensive, en contrôlant un tiers de la Colombie, à des opérations dans les zones rurales éloignées.
L’armée colombienne assure que la majeure partie de la guerilla est concentrée dans dix régions spécifiques. Plusieurs commandants des FARC ont été capturés ou sont morts au combat, cependant le groupe rebelle a montré de grandes capacités à s’adapter à de nouvelles circonstances. Un rapport récent de l’International Crisis Group explique que « le gouvernement se rend compte que les moyens militaires, à eux seuls, ne peuvent mettre fin au conflit, et de leur côté  les FARC semblent reconnaitre que  la lutte armée permet la survie mais rien de plus ».

Comment se déroulent les dialogues ?
Les négociations ont débuté à Oslo, Norvège, le 8 octobre et se poursuivront ensuite à Cuba. Les gouvernements de Norvège et de Cuba qui ont appuyé le processus de paix depuis le début, serviront de garants et ceux du Venezuela et du Chili seront des accompagnants. Pas de date limite fixée  mais le président Santos a dit que sans résultat clair d’ici juillet 2013, il abandonnera le dialogue. (Il aspire à la réélection présidentielle en mai 2014). Quant aux FARC, ils sont disposés à demeurer à la table du dialogue tout le temps nécessaire.

Pourquoi aller en Norvège ?
Le président colombien ainsi que les FARC ont demandé à la Norvège de les accueillir. La Norvège est un pays riche et généreux. C’est l’une des rares nations du monde à dépasser l’objectif des Nations Unies en destinant 0,7 % de son PIB à l’aide extérieure.

La Norvège a démontré que les petits pays peuvent jouer un rôle constructif dans la résolution des conflits armés. Depuis 1993, (Israel-Palestine) en passant par le Sri-Lanka, les Philippines, le Mali, Haïti, etc…et le cas emblématique du processus de paix au Guatemala en 1996. L’engagement pacifique de la Norvège lui donne une notoriété,  et ce pays est le siège du Prix Nobel de la Paix.

Quels seront les sujets de discussion?     
L’accord général pour mettre fin au conflit porte sur cinq thèmes:
– favoriser le développement rural et l’accès à la terre,
– offrir des garanties pour la participation citoyenne et l’opposition,
– la fin du conflit : remise des armes et réintégration des FARC dans la vie civile,
– combattre le narcotrafic avec plus de détermination,
– respecter les droits des victimes.

Le premier thème a été abordé dès le 15 novembre à La Havane.

Quels évènements marquants dans le passé ?
Le processus de paix de San VIcente del Caguán ( 1999 – 2002) durant la présidence du conservateur Andrès Pastrana. Une condition pour le dialogue fut la création d’une zone démilitarisée grande comme la Suisse, dans la région de Caguán, au sud de la Colombie.

Les FARC furent accusées d’utiliser la zone pour importer des armes, exporter de la drogue et améliorer leur équipement militaire. Les dialogues prirent fin brusquement quand les rebelles séquestrèrent l’avion du sénateur Jorge Géchem, en février 2002. Trois jours plus tard, ils séquestraient aussi la candidate à la présidence Ingrid Betancourt, qui devint le symbole international de la séquestration en Colombie. Le processus de Caguán fut considéré comme un échec total.

Les tentatives actuelles.
Les négociations entre gouvernement et guérilla sont perçues par la majeure partie des Colombiens comme une bonne opportunité pour signer la paix. Le nombre de victimes des affrontements  se calcule en centaines de mille. Et à présent  » l’Amérique Latine vit un processus d’intégration avec la création de l’UNASUR et de la CELAC où la Colombie joue un rôle important. La guérilla apparait comme un anachronisme et les FARC  le savent. De plus, la réalité actuelle de l’Amérique Latine démontre que malgé les obstacles, la conquête du pouvoir par la voie pacifique et politique est possible pour une organisation progressiste. La démonstration en est faite au Venezuela, en Bolivie, au Nicaragua, en Equateur, au Brésil, etc.

BIen des périls demeurent toutefois. Les adversaires de la paix existent et tenteront peut-être de saboter le processus (faucons du Pentagone, ultras des Forces Armées, grands propriétaires terriens, paramilitaires…) Mais tout semble indiquer, tant que se poursuivent les négociations,  que le dénouement du conflit s’approche. Enfin. »

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