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Quel sens donner à « el Buen Vivir » ?
« Buen vivir »: vivre bien, ou : bien vivre. ( Ne pas confondre avec « bon vivant »!).
Le concept de « Vivre bien » (Sumak Kawsay en quechua) est le paradigme de l’Etat Plurinational Bolivien, établi par la Constitution. L’art de « vivre bien », c’est la manière de vivre en harmonie avec soi-même, avec les autres membres de la communauté, en les respectant : ne pas mentir, ne pas voler, ne pas être lâche, ni flatteur. VIVRE BIEN avec la nature et l’environnement. Tout cela est central pour la vie indigène.
Le groupe.
Le bien-être collectif prime sur l’individuel. Le travail collectif dans les communautés va de soi : s’il faut réparer un chemin, construire une école primaire, tout le monde doit coopérer. Ce qu’on utilise, on doit participer à sa conservation ou sa réparation. Les familles s’entraident, que l’on organise une fête, des semailles ou une veillée mortuaire.
L’alimentation.
L’alimentation traditionnelle est à base de produits naturels, cultivés par les gens de la communauté et surtout pas transgéniques. Le commerce est vu en termes de solidarité et d’échanges, et non de bénéfices : par exemple les communautés tropicales échangent leurs oranges et bananes contre les patates, le maïs et autres produits des communautés de la sierra.
L’éducation.
L’éducation se définit par des principes éthiques et moraux, et par son caractère communautaire. « Depuis des temps ancestraux, les peuples indigènes originaires habitants de Abya Yala (aujourd’hui l’Amérique), pratiquaient une éducation communautaire transmise par la tradition orale, cette pratique a impliqué la responsabilité de chaque membre de la communauté et l’engagement de vivre en harmonie avec la nature ».
La loi d’Education en vigueur en Bolivie depuis 2010 établit que « l’éducation est unitaire, publique, démocratique, participative, communautaire, décolonisatrice et de qualité ». Il est prioritaire que l’enseignant assume un rôle de guide dans le processus d’apprentissage, pour que l’étudiant apprenne à vivre dans la communauté et soit un citoyen informé de ses réalités.
« Sciences, technologie et production, vie, terre et territoire, cosmos et pensée, communauté et société, sont des aspects qui doivent âtre abordés à l’école, pour une formation harmonieuse de de l’étudiant afin qu’il vive bien dans sa communauté ».
En Colombie.
En Colombie, les peuples indigènes sont fatigués de la guerre et souhaitent une paix véritable construite dans la diversité culturelle. Le Conseil régional Indigène du Cauca (CRIC) signale que les peuples indigènes ne se sentent pas représentés dans le dialogue en cours actuellement à La Havane, entre gouvernement et guérillas. Le CRIC et les autres instances indigènes régionales demandent à être reconnus et entendus par les Colombiens dans une perspective de diversité, et considérés comme une richesse et non comme un problème. « Comptez sur nous pour la paix, jamais pour la guerre », disent-ils. C’est dans cet esprit qu’ils ont présenté aux négociateurs de l’Etat et des FARC leur proposition de paix.
Les femmes péruviennes et le « Buen Vivir ».
Au Pérou, « l’organisation nationale des Femmes Indigènes et Amazoniennes du Pérou » a tenu récemment son second congrès qui fut « un espace de rencontre, d’échanges, d’analyse, de débats et de propositions pour renforcer les droits individuels et collectifs des femmes et des peuples indigènes du Pérou afin de garantir le « Vivre Bien » de nos peuples ».
Les participantes critiquèrent durement les programmes sociaux mis en place par le gouvernement de Ollanta Humala, conçus pour réduire la pauvreté et favoriser l’inclusion sociale. Toutefois le programme « Juntos » doit octroyer des compensations aux personnes indigentes mais exige pour cela des justificatifs qu’elles ne possèdent pas. Et la lutte contre la malnutrition encourage la consommation de produits transgéniques !
L’agenda national de ces femmes comporte huit thèmes : terre et territoire, changement climatique, souveraineté et sécurité alimentaire, participation politique des femmes indigènes, santé indigène, éducation indigène et interculturelle, lutte contre la violence envers la femme indigène, et économie solidaire et soutenable.
« Nous, femmes andines et amazoniennes, nous contribuons quotidiennement au développement du pays à partir des différents espaces où nous agissons. Cependant nous sommes le groupe de population qui subit la plus grande pauvreté et la discrimination culturelle chaque jour. Malgré ces dures conditions de vie, nous avons entrepris de nous organiser et de faire entendre nos propres voix. Nous voulons faire connaitre nos propositions et nos exigences vis-à-vis des politiques publiques afin qu’elles tiennent compte de nos intérêts et de nos demandes spécifiques ».
« Le modèle de développement actuel qui se base fondamentalement sur la croissance économique s’est traduit pour les indigènes par une dégradation des conditions de vie, l’imposition d’un modèle qui ne correspond pas à nos manières de vivre, ni à notre relation avec la nature, en nous imposant une cosmovision et des formes de vie totalement contraires à nos conceptions du Buen Vivir. »
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