(Noticias Aliadas, juillet 2014)
Mgr Enrique Angelelli, évêque de la province de La Rioja et opposant déterminé à la dictature militaire qui gouverna l’Argentine de 1976 à 1983, mourut le 4 août 1976 dans un prétendu accident de la route, d’après le rapport de police.
Selon l’enquête, Angelelli conduisait un véhicule, accompagné du prêtre Arturo Pinto, après célébration d’une messe en hommage aux deux prêtres Carlos de Dios Murias et Gabriel Longeville, torturés et assasinés quelques semaines plus tôt. Pinto avait déclaré que deux voitures les suivaient, faisant renverser celle des deux ecclésiastiques. Pinto resta d’abord inconscient puis découvrit le cadavre de Mrg Angelelli qui portait des lésions graves, « comme s’il avait été frappé ».
Le cas fut réouvert une première fois en 1986, mais la « Loi de Point Final » de 1990 mit fin à toutes les investigations contre les militaires. Après sa dérogation en 2005, le cas fut réexaminé à nouveau. Une nécropsie effectuée en 2009 révéla que la mort de l’évêque avait été causée par de multiples fractures du crâne.
Un tribunal de La Rioja a jugé que l’accident avait été provoqué et qu’il s’agissait d’un assassinat. Pour ce crime, l’ex-général Luciano Menéndez, 87 ans, et l’ex-commodore Fernando Estrella, 81 ans, ont été condamnés à perpétuité.
Dans cette affaire, la participation du Pape Francisco a été déterminante : sur son ordre, deux documents envoyés par Angelelli
ont été déclassifiés par le Vatican: un rapport détaillé sur l’assassinat de Murias et Longeville, ainsi qu’une lettre adressée au nonce de l’époque Pio Laghi, dans laquelle Angelelli informait Laghi qu’il était menacé et avait eu une rencontre avec le général Menéndez, démentant ainsi les déclarations du militaire qui avait affirmé ne pas connaitre Angelelli. Laghi, décédé en 2009, avait toujours nié avoir reçu des lettres d’Angelelli.
» Nous sommes constamment devant des obstacles pour accomplir notre mission envers l’Eglise, écrivait le prélat. Les prêtres, religieux et religieuses sont en permanence humiliés et réduits à l’impuissance par la Police sur ordre de l’armée ».
Le jugement établit que les faits dans lesquels Angelelli mourut et Pinto fut blessé, « furent la conséquence d’une action préméditée, provoquée et exécutée dans la cadre du terrorisme d’Etat et par conséquent constituent des délits de lèse-humanité, imprescriptibles et inamnistiables ».
Pour l’avocat Guillermo Martínez, au service du Secrétariat des Droits de l’Homme de la Province et de la Nation, » c’est un jour historique non seulement pour les habitants de La Rioja mais pour toute l’Argentine et l’Amérique Latine ».
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