par le Dr Toon Bongaerts, de PROSALUD (Ciudad Darío)
» En général, le système de santé publique s’est amélioré. La gratuité a été mise en œuvre dans tous les services publics, le budget de la santé a augmenté. [Depuis 2007, le budget consacré aux médicaments a été multiplié par trois. Mais malgré cela, le gouvernement ne peut couvrir que 70 à 75% des besoins de la population.]
Sur le plan géographique, l’accès à la population s’est accru. On insiste davantage sur la qualité des soins, on expérimente le modèle MOSAFC : MOdèle de SAnté Familiale et Communautaire pour arriver aux communautés et aux familles, et leur apporter des soins de santé intégrale ( = dans tous les domaines de la santé).
La mortalité maternelle a baissé : en 2007 elle était de 76,5 pour cent mille enfants nés vivants, et en 2011 de 61,9. En 2015 elle devrait être de 40 seulement. On a construit beaucoup de maisons maternelles, à Darío et à Terrabona aussi.
La mortalité infantile (de la naissance à 5 ans) a baissé également : en 2007, elle était de 29 pour mille enfants nés vivants, et la projection pour 2015 sera de 19 seulement.
Le taux de malnutrition s’est réduit de moitié, maintenant ce sont seulement 11,6 % des enfants qui en souffrent.
Les programmes materno-infantiles, les vaccinations, la lutte contre les épidémies (dengue, leptospirose…) continuent d’être des priorités et absorbent beaucoup de ressources et de temps. Il y a encore beaucoup à faire dans ce secteur. Certains services doivent encore se développer davantage : soins aux patients chroniques, odontologie, handicaps… La qualité des soins continue d’être un souci constant.
La grossesse des adolescentes continue d’être un problème sérieux au Nicaragua : de 20 à 25 % des filles de moins de 18 ans sont enceintes. Là encore il reste beaucoup à faire. L’éducation sexuelle existe par différentes voies, mais on ne réussit pas encore à la mettre en application dans la réalité, surtout dans les zones rurales et dans les familles très pauvres.
Je ne pense pas que l’Eglise ait tellement d’influence sur les jeunes, je crois plutôt que c’est un problème lié à la culture et au machisme. Il n’y a toujours pas de perspectives de modification pour la loi sur l’avortement, malgré la pression de plusieurs secteurs.
Le Nicaragua améliore légèrement sa situation socio-économique. Ces dernières années la croissance économique était de 4 à 5%. Le PIB per capita s’est accru de 1203,7 dollars en 2006 à 1606,9 en 2011.
La réduction de la pauvreté (personnes vivant avec moins de 2$ par jour) est passée de 48,3 % en 2005 à 42,5% en 2009. L’extrême pauvreté (personnes vivant avec moins de 1$ par jour) a baissé : de 17,2 % en 2005 à 14,6% en 2009.
Ces améliorations ont été possibles grâce à une bonne gestion de la macro-économie, une bonne synergie avec le secteur privé et aussi aux différents programmes sociaux mis en œuvre par le gouvernement : programme faim zéro, programme usure zéro, programme « toit » et « routes » pour le peuple.
Les exportations du pays ont aussi augmenté en volume et en diversité, malgré la baisse de prix de certains produits au niveau international (café, sucre…) ce qui constitue une menace.
Il existe aussi une ambiance plus favorable pour les investissements étrangers. Malgré tout, le Nicaragua continue d’être au 2e rang des pays les plus pauvres d’Amérique Latine, tout en constatant que l’écart avec les autres pays diminue lentement. »
Compte-rendu de la visite du Dr Toon Bongaerts à Lons-le-Saunier le 30 juin 2014 :
Prosalud est une organisation non gouvernementale fondée en 1997 par Toon Bongaerts et qui s’est donnée comme priorité la santé maternelle. Son action se décline en une clinique sociale, en la vente sociale de 150 à 200 médicaments génériques essentiels (permettant de couvrir près de 80% des problèmes de santé) et en la diffusion d’informations sur l’alcoolisme, les drogues et les grossesses précoces non désirées.
La vente de médicaments sociaux s’effectue dans plus de 100 points de vente dans les régions montagneuses les moins accessibles du nord du Nicaragua. Ce service, légalisé par le gouvernement, est autofinancé et fonctionne grâce à un fonds de roulement de 25’000€. Prosalud a toutefois l’obligation d’acheter les médicaments au Nicaragua (médicaments de fabrication indienne), ce qui pose un problème de qualité, mais il est envisagé que l’ONG puisse en importer des Etats-Unis.
Prosalud vise à fournir des soins de santé de qualité à bas coût (1€ par consultation, des médicaments et des analyses médicales 2 à 3 fois moins chers que dans le secteur privé). La clinique sociale de Prosalud a un coût de fonctionnement de 5’000€ par mois pour 4’000€ de recettes mensuelles. Parallèlement à son programme de dépistage du papillomavirus dans les zones rurales et à la diffusion d’informations sur le cancer du col de l’utérus, l’organisation a investi dans du matériel de cryothérapie pour traiter les lésions non cancéreuses, ce qui lui permet de réaliser un suivi individuel et rapide.
Les fonds attribués par le CALJ permettent également de financer un « club » de 300 diabétiques à Darío. En effet, si l’espérance de vie est aujourd’hui de 70 ans au Nicaragua, il ne faut pas oublier les maladies chroniques (diabète de type 2…), cardiovasculaires ou dégénératives pour lesquelles le Ministère de la santé n’a pas débloqué de budget. Les problèmes « d’obésité de la pauvreté » sont liés à une carence de fruits et de légumes dans les habitudes alimentaires. Ce « club d’entraide » vise donc à l’échange d’expériences, à l’éducation et à la prévention, mais comprend également des analyses gratuites tous les mois pour les membres du club, financées sur le principe de la solidarité.
Un autre projet d’entraide est en cours depuis un an et demi grâce à la présence de deux volontaires belges à Terrabona, parallèlement au programme « Todos con vos » lancé par le Ministère de la santé, pour soutenir quelque 150 enfants handicapés en fournissant du matériel (chaises, semelles orthopédiques…) mais aussi des soins de santé (diagnostic, séances de kinésithérapie…) et des informations à destination des parents.
Enfin, toujours dans cet esprit de chaleur humaine et d’écoute des patients, Toon Bongaerts vient d’acheter deux bâtiments à Darío pour y ouvrir en 2015 un centre de santé mentale, afin de pallier le manque de personnel soignant dans ce domaine (on compte aujourd’hui un psychiatre pour 600’000 habitants à Darío).
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