(Article de Lucía Alvites, publié par Rebelion, trad. B. Fieux) 15/ 02/ 2015.
Il y a plusieurs années, en 2010 exactement, nous avons convoqué à une réunion pour le 8 mars des femmes de différentes origines dans le but de former un comité qui impulserait une grande organisation nationale des femmes. Nous sommes arrivées à 80, avec un enthousiasme débordant, nous avons échangé des idées et affirmé qu’il était indispensable de faire entendre nos voix et de nous organiser pour exiger les revendications que nous, femmes péruviennes, exprimons depuis des décennies. Ce 8 mars nous avons fait une marche ensemble et conclu la création de ce qui allait être le Mouvement National des Femmes « Toutes nous sommes Micaela ».
Je conte cette histoire parce qu’aujourd’hui, six ans plus tard, « les Micaelas », comme on nous connait maintenant, sommes en train d’organiser la 2ème Chaire d’Histoire des Femmes, intitulée « les oubliées de l’Histoire », initiative que je considère fondamentale parce que nous n’allons pas atteindre la souveraineté, la pleine liberté si nous ne connaissons pas ce qui s’est produit sur nos territoires. Pour savoir où nous allons, nous devons savoir d’où nous venons.
Tâche qui n’a rien de facile dans cet espace de formation, puisqu’il s’agit de tenter de rendre visible ce qui a été nié, caché et passé sous silence doublement. Nous nous référons à l’histoire des peuples latinoaméricains, bien souvent enseignée à mi-voix, et dans cette histoire l’importance des femmes dans des faits qui ont défini, en quelque sorte, ce que nous sommes aujourd’hui sur ce continent. Si l’histoire officielle a passé sous silence le passé des peuples indigènes, afro-descendants, métis, criollos, enfin latino-américains, imaginez le silence terrible en ce qui concerne la participation des femmes.…
Que savons-nous des autorités féminines dans la société inca ? Que connaissons-nous du rôle des femmes dans le mouvement indépendantiste qui a libéré notre continent ? Qui était Manuela Saénz, Juana Azurduy ou Policarpa Salavarrieta ? Pourquoi a-t-on tué des femmes à Huacho en 1917 ? Qu’a dit José Carlos Mariátegui de la lutte en faveur du vote des femmes ? Quelles sont les revendications les plus importantes des femmes aujourd’hui, dans notre pays ?
Ce sont quelques-unes des questions auxquelles cette Chaire, ouverte à tout public, cherchera à répondre. Un espace horizontal qui prétend apprendre en enseignant et enseigner en apprenant une histoire non racontée ou, parfois, mal racontée.
Au milieu de la pauvreté politique qui s’exprime en ces temps d’élections, cette Chaire nous enthousiasme et nous apporte des idées nouvelles. Nous nous retrouvons ce jeudi à 6h30 à la Casa Mariátegui pour conter notre histoire et en savoir davantage sur celles qui nous ont précédées dans la bataille pour faire de l’Amérique Latine un lieu plus juste et souverain.
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