BRESIL – La procédure de destitution de Dilma Roussef (France Culture)

L’Esprit Public, une émission de France Culture, L’Esprit Public, dimanche 15 mai 2016.

« Dans la nuit de mercredi à jeudi [12 mai 2016⌉, le Sénat brésilien s’est prononcé en faveur de la suspension de la présidente Dilma Rousseff au terme d’un processus engagé il y a cinq mois. A l’issue d’un procès, qui va durer cent quatre-vingt jours maximum, un second vote au Sénat aura lieu pour destituer effectivement la cheffe de l’Etat. Le vice-président Michel Temer, rival de la présidente et ancien chef du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), assurera l’intérim.

A l’origine de cette procédure en destitution, un scandale de corruption rendu public en mars 2014 et lié au groupe public d’hydrocarbures Petrobras et à des géants du BTP brésilien. Ces entreprises auraient formé un cartel pour se partager des marchés publics de grands chantiers d’infrastructure et les surfacturer en contrepartie de pots-de-vin versés aux différents partis politique, dont le Parti des Travailleurs (PT), au gouvernement depuis 2003. Cet argent sale aurait ensuite servi au financement de campagnes politiques, notamment celles de l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva, dit Lula. Après une perquisition au domicile de son prédécesseur, Dilma Rousseff l’avait nommé membre de son gouvernement, ce qui lui conférait un statut le plaçant hors d’atteinte de la justice. Cette nomination a fait long feu, notamment parce que le juge chargé de l’affaire a rendu public un enregistrement compromettant pour la présidente et son mentor. En mars, des manifestations ont réuni trois millions de Brésiliens pour réclamer le départ de la cheffe de l’Etat.

Dilma Rousseff a occupé le poste de ministre de l’énergie entre 2003 et 2005, puis celui de présidente du conseil d’administration de Petrobras. Bien que son nom n’ait pas été cité parmi les personnalités impliquées dans l’affaire, une grande partie de l’opinion publique estime qu’elle a camouflé les détournements d’argent. Par ailleurs, un soupçon de « pédalage budgétaire » pèse sur la cheffe de l’Etat qui aurait maquillé les comptes publics pour cacher l’importance du déficit et favoriser sa réélection en 2014. Dilma Rousseff assure être la victime d’un coup d’Etat institutionnel.

Depuis 2015, la présidente a vu sa popularité s’effondrer en même temps que le Brésil connaissait une situation économique et sociale de plus en plus morose. Le pays souffre de la chute des cours sur les marchés mondiaux, son PIB a reculé de 3,8% en 2015 et le taux de chômage a atteint en février dernier 8,2% de la population active, soit le plus haut depuis 2009. Le Brésil enregistre pour la deuxième année consécutive une récession, une première depuis 1930. »

Emission radiophonique à écouter ou à télécharger en cliquant  ici.

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