MEXIQUE -Les migrations et le poids du Mexique sur l’économie états-unienne.

(Fernando del Corro, historien, professeur à la Faculté des Sciences Economiques à l’Université de Buenos Aires – Publié par ALAI – 18/01/2017 – Trad. B. Fieux)

Les 25 000 millions de dollars états-uniens que les immigrés mexicains envoient chaque année dans leur pays, surtout à leurs parents en zones rurales et au faible niveau de formation professionnelle, nés dans leur tâche, déplaçant les traditionnels ouvriers et paysans des Etats-Unis d’Amérique, constituent la base des arguments du Président Donald Trump quand il s’agit de soutenir  la nécessité de construire un mur frontalier entre les deux nations.

Le Mexique est le troisième récepteur de remesas* des migrants le plus important du monde, avec environ 5% du total des 615  millions de dollars dont les Etats-Unis fournissent plus du quart, selon les études réalisées par la Banque Mondiale, l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique, la Banque du Mexique, le Conseil National de Population du Mexique, l’ONU et d’autres organismes cités par la Fondation de la Banque Santander Bilbao Vizcaya.

D’après le recensement de 2012, les migrants mexicains ont comme principal lieu d’implantation la Californie pour 37,3% d’entre eux, suivie par le Texas pour 21,6%, l’Illinois pour 6,1%, et l’Arizona pour 5,4% ; les 29,6% restants sont répartissent entre les 46 autres Etats, et 27,9% de tous ces immigrés ont obtenu la citoyenneté états-unienne.

Aux Etats-Unis les Mexicains travaillent pour la plupart dans la construction: 17%. Puis vient l’hôtellerie, 16%; les manufactures: 14,2%; et l’administration: 12,8%, tandis que le niveau de chômage tourne autour de 11%.

Quant aux salaires, très au-dessous de la moyenne des travailleurs natifs,  ils se situent à 12,8% pour ceux qui perçoivent moins de dix mille dollars par an; 37,1% pour ceux qui gagnent entre 10 000 et 19 999; 26,2% pour ceux qui gagnent de 20 000 à 29 999; 12,4% entre 30 000 et 39 999, et 11,5% pour plus de 40 000.

Mais le Mexique n’est pas le seul pays d’Amérique Latine à recevoir des remesas de ses émigrés, même s’il en est le principal récepteur avec 38,5% du total des 77  miilions de dollars, suivi par le Guatemala avec 7,4%; la Colombie avec 7,1%;  le Brésil avec 7%; la République Dominicaine avec 6,1%  et le Salvador avec 6%. Pour ce dernier pays, ce chiffre équivaut à plus de la moitié de ses exportations.

Sur la population mexicaine actuelle, les trois quarts sont arrivés au cours des 25 dernières années  et le plus fort pourcentage correspond à l’Etat de Michoacán, suivi de celui de Guanajuato, et leur niveau de pauvreté , qui vers 1996 avait atteint 34,4%, selon les chiffres de l’Etat de Californie, pour diminuer ensuite fortement jusqu’à 24,7% vers 2000, commença ensuite à remonter, bien qu’à un rythme plus lent, jusqu’à 25,7% en 2006 et 27,7% en 2012.

Le Mexique occupe le leadership des migrants avec 11,9 millions de personnes, suivi de l’Inde avec 11,4 millions, puis la Russie avec 11 millions; la Chine avec 8,3; l’Ukraine avec 6,5; l’Irlande du nord avec 4,7; et les Philippines et la Turquie avec respectivement 4,3 millions. Au niveau mondial les migrants sont 213,9 millions, ce qui signifie que 3% de la population mondiale ne vivent pas dans leur pays d’origine. Les  pays d’accueil étant à 65%, les pays les plus développés, en particulier les USA avec 42,8 millions, la Russie avec 12,3 millions et l’Allemagne avec 10,8 millions.

Dans le cas du Mexique, pays auquel son voisin du nord rafla, en 1846, plus d’un million de km2, 98,1% émigrèrent vers ce voisin, les Etats-Unis, traversant la frontière sur laquelle Trump promet de construire un mur, tandis que 0,5% s’en allèrent au Canada, 0,4% en Espagne et 1% vers différents  pays du monde.

Quant aux émigrés accueillis par le Mexique, – en nombre très inférieurs aux précédents – 76,8% provenaient des Etats-Unis, 2% du Guatemala et 1,4% de l’Argentine.

La population états-unienne compte déjà 21,8% de descendants de Mexicains de seconde et troisième génération avec une expansion notable de la langue espagnole dont  l’enseignement est obligatoire en Californie. Une éducation bilingue s’installe peu à peu dans le pays, qui compte 46 000 étudiants étrangers,- le 7e dans le monde -, en majorité latinoaméricains, tandis que le Mexique, en reçoit 25 000, – 20e du monde et 1er en Amérique Latine -, et que le Brésil, en accueille 24 000, – 20e également et 2e en Amérique Latine-.

Le Traité de Libre Commerce de l’Amérique du Nord ( TLCAN) que vise Trump, a provoqué la faillite de nombreuses entreprises mexicaines traditionnelles, dont beaucoup ont été absorbées par des multinationales venues des Etats-Unis, qui ont aussi implanté chez leur voisin du sud leurs usines d’assemblage (maquiladoras), faisant fermer ou réduire les productions d’origine comme ce fut le cas pour la production automobile dans la ville de Detroit, autrefois emblématique, puis désertifiée. Les usines productrices ont promis de réinvestir dans différentes localités états-uniennes face à la menace anti-globalisation, par le nouveau président américain, d’imposer 35% de taxes à l’importation.

* remesas : sommes d’argent que les émigrés envoient à leur famille restée au pays

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