(EFE, San Salvador, 24 /02/2018 – Trad. B. Fieux)
En juillet 2007, Teodora Vasquez fut condamnée par la justice salvadorienne à 30 ans d’emprisonnement pour un avortement spontané. Enceinte de sept mois, elle travaillait au nettoyage de l’école lorsqu’elle ressentit des douleurs intenses. Elle tenta d’appeler le système des urgences mais n’obtint pas de réponse. Elle finit pas s’évanouir et quand elle reprit conscience, elle sut qu’elle avait donné naissance à un enfant mort, dans les toilettes de l’école.
La Justice la condamna à 30 ans d’emprisonnement. Mais le Gouvernement, grâce au changement du Tribunal Suprême, et à trois mois de pression internationale, la libéra de manière inattendue.
Au moment de son arrestation, Teodora était maman d’un petit garçon de 4 ans, qui dut être confié aux grands parents pendant sa captivité. Elle se réjouit énormément de retrouver la liberté, mais ses souvenirs de captivité l’ont aussi amenée à un engagement en faveur des autres, de ses 23 compagnes qu’elle n’oublie pas, et dont 13 sont encore en prison pour interruption d’avortement : « J’ai vécu dix ans de calvaire, d’angoisse et de douleur », dit-elle, évoquant la discrimination et les mauvais traitements, les offenses et les grossièretés des gardiennes.
(La législation salvadorienne établit des peines allant de 6 mois à 12 ans pour les délits dus à l’interruption de grossesse, mais les procureurs ont l’habitude d’accuser les femmes qui souffrent de complications de grossesse donnant lieu à des avortements spontanés, d’homicide voire d’homicide aggravés…)
Mais Teodora était entrée là avec une formation d’à peine trois années d’école primaire, et elle en sortait avec le niveau de bachelière, et bien décidée à faire profiter ses compagnes de ses capacités. « Je suis sortie avec d’autres objectifs, je veux étudier le Droit pour défendre mes compagnes, je me suis engagée à lutter avec elles, et à faire tout mon possible pour qu’elles retrouvent la liberté avant que le temps passe trop et qu’elles perdent courage… »
De son expérience, Teodora est convaincue que les seules femmes qui subissent de telles situations sont des femmes aux faibles ressources. « Tu ne trouves personne qui dise : J’ai de l’argent et je suis prisonnière ». Mais son visage s’illumine quand elle parle de sa nouvelle vie en liberté, et surtout quand elle parle de son fils. « Me retrouver avec mon fils m’a rendu la vie, le sourire et l’envie de lutter ».
Le système carcélaire du Salvador a une surpopulation de 210 pour cent, mais à l’époque où Teodora entra dans cette prison, les chiffres officiels annonçaient 400 pour cent… »La première nuit en liberté je n’ai pas pu dormir, dit Teodora, parce que le corps s’était habitué à un lieu plein de personnes, je me réveillais en sursaut et en voyant mes compagnes endormies, cela m’apaisait. »
Elle ajouta qu’à présent, avec le temps, elle jouissait de la tranquillité, du bonheur et de la tendresse de personnes dont le soutien lui avait permis de résister et d’aider elle-même les autres.
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