Ivan Olivares, dans Confidencial du 30/09/18 – Trad. B. Fieux
Même si la Banque Centrale du Nicaragua ne l’a pas encore reconnu publiquement, le pays est entré formellement en récession début octobre, quand il a eu passé deux trimestres consécutifs sans que le Produit Interne Brut (PIB) donne des signes de croissance. Les résultats de ce scénario sont davantage de chômage, et le flot des citoyens partant pour l’étranger afin d’y chercher du travail pour survivre et garantir la vie de la famille. Nestor Avendaño, président des Consultants Pour le Développement d’Entreprise (COPADES), en donne la signification ainsi : « La récession est un fait, et un signal de risque pour toute la société en général et pour le gouvernement en particulier, car les investisseurs ne porteront plus leurs capitaux dans ce pays jusqu’à ce que la récession disparaisse, ce qui surviendra au bout d’un trimestre d’amélioration, c’est-à-dire avec un signe positif. »
« La diminution des ventes de biens et services, en réduisant la demande interne de consommation et d’investissement, a forcé les entreprises à réduire l’emploi. Le manque d’emploi s’est étendu, réalimentant la chute de la demande, et la pauvreté a augmenté. Beaucoup d’entreprises vont probablement continuer à réduire l’emploi », ajoute-t-il. Pedro Belli, ex-fonctionnaire de la Banque Mondiale, détaille que l’incertitude du futur pousse les gens à retirer leurs économies déposées à la banque, ce qui cause des effets en chaîne. Le premier est que les banques perdent la possibilité de faire des prêts aux citoyens et aux entreprises, ce qui stoppe la consommation mais aussi les investissements et les nouveaux négoces, ce qui affecte directement la création – ou le maintien – de l’emploi. « Pour les entreprises la situation est en général très difficile, les petites seront nombreuses à fermer. Il sera difficile de venir à bout de la récession sans une réponse politique appropriée, et même ainsi, rien ne garantit la fin de la récession ». Conscient de ce qui attend les familles qui dépendent d’un salaire pour couvrir leurs frais immédiats, Avendaño recommande d’épargner, de ne consommer que l’indispensable…
La récession n’est pas un phénomène habituel ; pourtant le Nicaragua l’a déjà connue en 2009, en conséquence de la crise financière globale. Mais une série d’autres facteurs peuvent se conjuguer pour déclencher la récession, et Avendaño énumère les facteurs naturels (sécheresse) ; géopolitiques (guerre) instabilité politique ; mauvaise gestion de l’économie, forte inflation, etc… Il n’est pas nécessaire de chercher longtemps les causes de la récession actuelle du Nicaragua : les problèmes politiques ont nui aux deux ressources très importantes pour le pays : l’investissement étranger direct et le tourisme, « deux ressources qui représentent environ 12% du PIB », souligne l’économiste Pedro Belli.
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