Publié par Admincoal, 03 décembre 2018 – Trad. B. Fieux
Les glaciers apportent de l’eau aux rios, aux lac set aux nappes souterraines, sources hydriques dont 70% sont utilisées par la population.
« L’industrie minière constitue une activité économique qui impacte de manière irréversible les glaciers, et ceux-ci représentent les principaux réservoirs d’eau douce de la planète », affirme le rapport « Glaciers et industrie minière : la destruction des glaciers continue », publié en 2013 pour le programme Chili Soutenable, réseau d’organisations et de défenseurs du milieu environnant.
Au Chili existent 24 130 glaciers avec une superficie totale de plus de 23 680 km2, équivalente à 86% du total des glaciers d’Amérique du Sud.L’exploration et l’exploitation minière ont occasionné la destruction d’importants écosystèmes de montagne (salars, vegas et bofedales d’altitude, signale l’étude).
« Les activités minières responsables de cela ont été l’ouverture de chemins ; l’emploi d’explosifs ; le déversement d’huile, de pétrole et de produits toxiques sur les glaciers ; le déplacement massif sur la glace avec des engins lourds ; la contamination et l’acidification des eaux, produit de la réaction chimique du matériel en contact avec l’atmosphère, etc. »
70% de la population chilienne utilise de l’eau qui provient des hautes zones andines, particulièrement des glaciers. En outre, les glaciers maintiennent la balance hydrique et climatique des bassins, apportant de l’eau aux rios, aux lacs et aux nappes souterraines.
L’industrie minière soutient qu’il est possible de remplacer un glacier par la construction d’un bassin qui remplacerait sa fonction d’accumulation et de régulation hydrique. Pour le Chili Durable, cet argument est erroné, étant donné que même si un bassin fournit de l’eau durant les années de sécheresse, il ne peut le faire sur de longues périodes de pénurie.
Bien que l’emploi de l’eau dans l’industrie minière ne représente que 3% de l’utilisation de l’eau du Chili, de nombreuses concessions et opérations minières se situent dans des zones de manque d’eau, comme dans le désert d’Atacama, dans l’extrême nord.
Un des cas les plus emblématiques de destruction de glaciers a été le projet binational Pascua Lama pour exploiter un gisement d’or et d’argent situé sous trois glaciers, sur le Chili et l’Argentine, dans la partie nord des deux pays. Le projet, conduit par l’entreprise minière Barrick Gold, était évalué à 8,5 milliards de dollars US.
La présence de la mine, qui avait débuté ses activités en 2009, déclencha les protestations des habitants des localités agricoles chiliennes devant les problèmes qu’elle pourrait causer aux glaciers alimentant les rios qui leur fournissent de l’eau. En 2013, un juge de la ville chilienne de Copiapó ordonna la suspension des travaux à cause de réactions environnementales liées à la destruction des glaciers et à la contamination des ressources hydriques. Peu après l’entreprise annonça la suspension des activités de Pascua Lama.
Sans loi de protection.
En fait, des activités telles que la construction de chemins et d’infrastructure, ainsi que l’installation de dépôts de déchets miniers menacent directement les glaciers.
Fabrice Lambert, professeur de climatologie de l’Université Catholique du Chili, précisa dans des déclarations recueillies par la presse que certains glaciers du Chili se trouvent à proximité d’une mine et que « la poussière que génèrent les travaux miniers pourrait se déposer sur les glaciers, recouvrant la surface blanche (réfractaire aux rayons du soleil) et ces particules absorbent l’énergie solaire et provoquent le dégel rapide des glaciers ».
Fin juin, le gouvernement du président Sebastian Piñera retira le projet de loi sur la protection des glaciers qui aurait fait du Chili le second pays, après l’Argentine, à avoir une législation incluant la prohibition d’activités telles que l’exploitation minière dans les zones de glaciers.
La ministre de l’Environnement, Marcela Cubillos, assura que la protection des glaciers est une priorité pour le gouvernement, mais « la motion qui était en discussion dans la Commission des Finances de la Chambre des Députés ne prévoyait pas une protection efficace pour les glaciers. »
« La manière de protéger les glaciers réside dans l’impulsion au projet qui crée un système de zones protégées. Nous ne croyons pas qu’il faille une protection spécifique pour zones humides ou glaciers », dit la ministre en référence à une initiative pour créer le Système de Zones Protégées qui se trouve en discussion au Sénat et qui ne comporte que trois mentions spécifiques pour les glaciers.
Sara Larrain, directrice de Chili Durable, considère que « ce dont ce projet va se préoccuper, ce sont les réserves marines et les parcs nationaux. A ce jour ne figure aucune indication qui établisse que parmi les zones protégées on va inclure les glaciers. »Cependant, tout indiquerait que la décision de retirer le projet est due à la pression de l’industrie minière.
« L’objectif occulte de la mesure était d’éviter que l’industrie minière se développe au lieu de protéger les glaciers »,déclara à la presse Joaquin Vallarino, président exécutif du Conseil Minier, qui regroupe les grandes entreprises minières du Chili. « Un glacier en soi ne constitue pas une zone protégée. Les autorités doivent chercher un équilibre raisonnable entre le secteur productif et la société civile parce que tout le Chili ne peut pas être déclaré parc national ».
Pour Sara Larrain, « ce qui est en train de se passer est très grave. Dans un contexte de changement climatique, la responsabilité de réduire les vulnérabilités du pays relève du gouvernement. Mais si l’agenda comporte une priorité pour l’investissement, il est évident que protéger l’eau et les glaciers affecte les affaires. Le pays peut vivre sans industrie minière, mais il ne peut pas vivre sans eau ».
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