(www.adital.org)
« La loi Monsanto », c’est ainsi que les mouvements paysans, les indigènes et les organisations sociales d’Argentine ont baptisé le projet de loi de semences que prépare leur Ministère de l’Agriculture. Selon leurs affirmations, la mesure qui serait traitée en fin d’année au Congrès limiterait le « propre usage » (possibilité pour le paysan d’utiliser les semences de sa propre récolte ) et favoriserait les corporations de l’agronégoce.
« Ce projet de loi met en péril la souveraineté alimentaire de notre pays à travers la concession de nouveaux privilèges aux entreprises multinationales, il entraine la perte des droits de notre peuple » dénonce une déclaration conjointe du MAELA (Mouvement Agroécologique d’Amérique Latine) et du RAPAL (Réseau d’action sur les Pesticides en Amérique Latine).
En 2003 Monsanto annonçait qu’il suspendait son programme d’amélioration du soja dans le pays du fait de la faible rentabilité de l’opération, qui empêchait de maintenir les niveaux adéquats de la recherche en Argentine. Il réclamait une nouvelle loi sur les semences qui lui permettrait d’avoir une « sécurité juridique » dans ses opérations.
Le 21 août dernier, le Ministre de l’Agriculture présenta le nouveau soja (RR2) avec les directives de Monsanto. »Il faut respecter la propriété intellectuelle », réclama-t-il en précisant que le gouvernement était en train de préparer une nouvelle loi sur les semences, qui envisageait le versement de primes à ceux qui utiliseraient les semences transgéniques. Mais les organisations paysannes et les petits producteurs voulaient être convoqués pour débattre du projet qui pourrait modifier leur façon de produire les aliments. Ils ne reçurent le texte du projet que plus tard.
« Nous exprimons notre rejet du projet de loi de semences. Nous manifestons la nécessité d’analyser, de discuter un projet qui satisfasse, de manière participative, les besoins des producteurs », réclamèrent les dirigeants de MAELA et RAPAL dans une lettre ouverte adressée à la Présidente et au Ministre de l’Agriculture. Les organisations revendiquent le droit, pour les petits producteurs, de garder une partie de leur récolte comme semence pour les prochaines semailles. Or dans le projet de loi, ce droit devient une exception. Des pratiques en vigueur depuis les débuts de l’agriculture deviendraient -elles illégales ?
Les organisations signataires alertent que le projet de loi crée des conditions pour l’expansion dans le pays de la présence des entreprises multinationales de semences. La Chaire de Souveraineté Alimentaire de l’Université Nationale de Comahue s’interroge sur ce projet de loi, et propose de se référer au projet bolivien qui considère la fonction sociale de la semence. « Il faudrait une intervention de l’Etat qui soutiendrait les communautés d’origine et les paysans pour protéger et favoriser les échanges de semences.Il est nécessaire de rendre impossible les droits de propriété sur les semences, et de freiner le développement des monocultures aux mains des multinationales. »
La Coordination des Organisations et Mouvements Populaires d’Argentine (COMPA) représentée par 17 provinces, affirme que le projet « porte atteinte à la diversité et à la production des aliments pour le peuple, puisqu’elle en remet le contrôle aux corporations. » La Coordination déplore que « la politique agropastorale donne la priorité à l’agronégoce et génère des rétentions sur la production d’aliments sains pour le peuple ».
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