(Adital et Michael Busch – Traduction : B. Fieux)
Les chiffres officiels estiment qu’au Salvador existent au moins 60 000 pandilleros dans les rues et environ 13 000 en prison. Depuis les prisons, les leaders ordonnent les extorsions, les assassinats et autres faits délictueux de portée nationale, tel que le fait de paralyser les transports publics. Au Salvador, les deux principales pandillas ou maras sont la Mara Salvatrucha, ou MS, et la pandilla Barrio 18.
Durant le gouvernement de Mauricio Funes (2009-2014), des mesures furent prises en 2012 pour tenter de réduire le nombre d’homicides : un accord fut signé entre le gouvernement et les pandillas, accord jamais officialisé mais soutenu par l’OEA et l’Eglise. Cette Trêve consistait à exiger une diminution des homicides et à accorder en échange un privilège aux prisonniers : au lieu d’être dans la prison de haute sécurité de Zacatecoluca, ils seraient dans la prison commune. Cette faveur réduisit les homicides, qui passèrent en moyenne de 14 à 5 par jour. Cette Trêve dura environ un an et demi.
Mais ni les séquestrations ni les extorsions ne cessaient. Début juin 2014, l’actuel président Sánchez Cerén ordonna à l’armée la création de trois bataillons pour réagir face à la criminalité et décida du retour à la prison de haute sécurité. La Cour Suprême de Justice déclara que les pandilleros sont assimilables à des terroristes. Et ceux qui collaborent ou négocient avec eux, ou qui les financent, sont classés dans la même catégorie. La population est plutôt favorable à cette mesure car elle vit dans la peur.
Durant le premier semestre 2015, le président salvadorien signe de nouveaux accords avec le président des Etats-Unis et l’ex-président du Guatemala Otto Pérez Molina, dans le cadre de l’Alliance pour la Prospérité, avec l’intention d’obtenir un financement pour « combattre » la violence des maras et le narcotrafic dans le triangle nord de l’Amérique Centrale : Guatemala, Honduras et El Salvador.
La réaction des pandilleros ne se fait pas attendre : c’est la guerre ouverte contre l’Etat. Le nombre d’homicides s’élève à une moyenne de 24 par jour, au mois d’août 2015 on en compte 30 par 24 heures, et septembre se termine avec 700 assassinats. Raúl Mijango, exdéputé du FMLN, dit :
« La double morale de la société salvadorienne et les mauvaises habitudes de l’autoritarisme sont toujours présentes dans la culture politique du Salvador. Nous nous plaignons de la violence et nous voulons tout résoudre par la violence… La voie la plus civilisée et la plus avantageuse socialement est le dialogue avec les générateurs de cette violence, les pandilleros, pour les convertir à être eux-mêmes une partie de la solution. N’oublions pas que le meilleur antidote s’obtient à partir du venin lui-même… » A suivre…
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