(Salim Lamrani, Rebelion – 02/11/2016 – Trad. B. Fieux)
Une nouvelle fois, la communauté internationale a rejeté les sanctions économiques qui étranglent le peuple cubain.
Pour la 25ème année consécutive, l’Assemblée Générale des Nations Unies a exprimé sa condamnation du blocus économique, commercial et financier que Washington impose à Cuba depuis plus d’un demi-siècle. Les sanctions obsolètes, immorales et illégales, qui remontent à la Guerre Froide, affectent les catégories les plus vulnérables de la population civile par leur portée rétroactive et extraterritoriale. Elles constituent le principal obstacle au développement de l’île.
Des 193 pays présents lors de la rencontre annuelle, 191 ont exhorté les États-Unis à mettre fin au châtiment infligé à la population cubaine, et qui affecte tous les secteurs de la société. Pour la première fois depuis 1992, année de la présentation initiale par Cuba de la Résolution qui exige l’élimination des mesures de rétorsion économique imposées depuis 1960, Washington a décidé de s’abstenir durant le vote, reconnaissant ainsi l’échec de sa politique d’hostilité envers les Cubains ainsi que la réalité de son isolement sur la scène internationale. Israël, qui a toujours suivi le vote des États-Unis, a également opté pour l’abstention.
Samantha Power, représentante des États-Unis aux Nations Unies, a annoncé durant son allocution la décision de la Maison Blanche de ne pas rejeter le texte de Résolution comme les années précédentes : »Durant plus de 50 ans, les États-Unis ont appliqué une politique destinée à isoler le gouvernement de Cuba. Depuis plus d’un quart de siècle, les membres des Nations Unies ont voté de manière unanime en faveur de la Résolution (…) qui condamne l’embargo des États-Unis. (…) Au lieu d’isoler Cuba, (…) notre politique a isolé les États-Unis, y compris au sein des Nations Unies. Aujourd’hui, les États-Unis optent pour l’abstention. C’est un autre pas modeste et nous espérons qu’il y en aura beaucoup d’autres pour mettre fin à l’embargo américain. »
Ce vote historique se situe dans la continuité des mesures adoptées par Barack Obama depuis le rétablissement du dialogue avec La Havane le 17 décembre 2014. Depuis cette date, la Maison Blanche a procédé à la libération de trois prisonniers politiques cubains et a retiré Cuba de la liste des pays protecteurs du terrorisme. Elle a aussi annoncé plusieurs fois – 6 au total -, de parcimonieuses réductions des sanctions économiques, bien que leur portée continue d’être très limitée.
Ainsi, depuis deux ans, l’administration démocrate a renoué les relations diplomatiques avec Cuba, procédé à la réouverture d’une ambassade à La Havane, rétabli les vols commerciaux directs entre les deux pays, élargi les catégories ( 12 au total) de citoyens états-uniens autorisés à se rendre à Cuba et donné son accord pour certains investissements états-uniens dans l’île, en particulier dans le domaine des télécommunications. La visite historique de Barack Obama à Cuba en mars 2016 a consacré cette nouvelle étape pour les relations entre La Havane et Washington.
Les dernières mesures, annoncées le 14 octobre 2016, soit deux semaines avant le vote aux États-Unis, permettent entre autres aux citoyens étatsuniens autorisés à se rendre à Cuba, d’emporter du rhum et du tabac cubains sans limitation de quantité. Cependant, Washington interdit encore l’importation classique de ces mêmes produits sur le marché états-unien.
De même, Barack Obama a annoncé en mars 2016 que désormais Cuba pourra utiliser le dollar pour ses transactions internationales. Plus de six mois après cette annonce, La Havane n’a pas encore pu réaliser d’échanges en monnaie états-unienne, par crainte de la part des banques internationales d’être sanctionnées par le Département du Trésor des États-Unis.
Le gouvernement cubain, par l’intermédiaire de son ministre des Relations Extérieures, Bruno Rodriguez, a salué le geste de Barack Obama. Cependant, il a rappelé que les sanctions économiques demeurent en vigueur : « Mais le blocus économique, commercial et financier persiste, provoquant des dommages au peuple cubain et faisant obstacle au développement économique du pays (…) Il n’est pas de famille cubaine ni de secteur dans le pays qui ne souffre de ses effets : dans la santé, l’éducation, l’alimentation, dans les services, les prix des produits, les salaires et les pensions. (…) Par son caractère extra-territorial, le blocus affecte aussi directement tous les États membres des Nations Unies ».
Aucune administration n’a été aussi loin dans la normalisation des relations avec Cuba que celle de Barack Obama. Toutefois, alors que son dernier mandat touche à sa fin, le président des États-Unis n’a pas usé de ses prérogatives de chef du pouvoir exécutif pour démanteler le réseau de sanctions économiques contre Cuba.
En effet, la Maison Blanche pourrait par exemple rétablir le commerce bilatéral entre les entreprises étatsuniennes et cubaines, autoriser les investissements étatsuniens à Cuba et permettre que Cuba acquière des produits non alimentaires à crédit sur le marché des États-Unis. Les secteurs qui dépendent d’une décision du Congrès sont limités et peuvent être évités par le pouvoir exécutif.
Depuis leur imposition il y a plus d’un demi-siècle, les sanctions économiques ont coûté 125 000 millions de dollars à l’économie cubaine et constituent le principal obstacle au développement de l’île. Elles représentent une grave violation du Droit International et suscitent l’opprobre de la communauté internationale qui a exprimé une nouvelle fois son opposition aux mesures coercitives imposées à la population civile. La levée de ces sanctions est indispensable à la normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis.
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