(Source : LA JORNADA (www.jornada.unam.mx / Telesur (www.telesurtv.net)
Sur la zone frontalière entre Pérou et Equateur il existe encore des forêts intactes où vivent une quinzaine de groupes indigènes isolés du monde extérieur, protégés par l’absence d’accès à leurs implantations. Les traités internationaux leur assurent ce droit ainsi que la reconnaissance de leurs territoires.
Mais les intérêts commerciaux du gouvernement péruvien et de l’industrie pétrolière sont bien plus puissants. D’immenses réserves de pétrole ont été découvertes récemment dans la région. Le président García multiplie les initiatives favorables à l’exploitation du pétrole par les entreprises étrangères, dont Perenco, un groupe franco-britannique, qui prévoit d’exploiter 14 puits avec plus de 1500 travailleurs. Il n’a pas consulté les groupes indigènes et s’appuie sur une série de décrets contestés.
Cependant pour les indigènes qui vivent des ressources de la forêt et des cours d’eau, c’est une tragédie. Ils sont regroupés dans l’Association Inter-ethnique pour le Développement de la Forêt Péruvienne (AIDESEP), et se mobilisent contre la destruction et la pollution de leur espace vital.
En juin dernier des affrontements se sont produits au Nord du Pérou entre indigènes de l’Amazonie et forces armées péruviennes, faisant des dizaines de morts et de nombreux blessés.
La Commission Interaméricaine des Droits Humains condamne énergiquement ces graves faits de violence et lance un appel aux deux parties pour promouvoir le dialogue. Neuf évêques de l’Amazonie péruvienne expriment aussi leur préoccupation car le projet gouvernemental “ ne contribue pas au développement intégral de la population amazonienne ”. De leur côté, des députés du Parlement européen expriment “ leur indignation devant les faits de violence commis par des agents du gouvernement péruvien contre des indigènes, provoquant des morts, des blessés et des disparus … Le conflit social déclenché est la conséquence du traité de libre commerce signé par le Pérou avec les Etats-Unis, et de la dérogation de lois dans le but de faciliter l’intervention d’entreprises minières… ”. Les députés condamnent également le caractère raciste des propos du président péruvien dans ses déclarations qui ont suivi les faits.
Le soulèvement des indigènes réclame la dérogation de onze décrets favorisant la destruction de leur habitat, et la réglementation des activités prédatrices dans les secteurs miniers et pétroliers.
Plusieurs gouvernements d’Amérique Latine ont déjà pris la mesure de ce problème et s’efforcent d’avancer vers des solutions négociées. En Equateur les communautés amazoniennes ont intenté un procès historique contre la multinationale Texaco qui a provoqué un vrai désastre écologique dans une vaste région.Jamais encore les communautés indigènes n’avaient entrepris de processus judiciaire à l’égard des multinationales.
En Bolivie, le président Evo Morales a nationalisé les réserves d’hydrocarbures, renégocié avec les entreprises étrangères leurs conditions d’exploitation et les bénéfices ont été redistribués à travers les programmes de développement, éducation et santé aux populations qui en avaient besoin.
En Equateur le président Rafael Correa a proposé de geler l’exploitation d’une région entière de l’Amazonie pour raisons écologiques. Au Brésil, le Cour Suprême de Justice a confirmé un ordre du président Lula qui reconnaît aux indigènes un immense territoire dans le nord de l’Amazonie et freine ainsi la pénétration de chercheurs d’or ou de trafiquants de bois. Aujourd’hui 13 % de la superficie du Brésil est constituée comme territoire indigène.
Les mouvements indigènes qui se sont développés en Amérique Latine ont obtenu des avancées importantes dans la reconnaissance de leurs droits territoriaux. Cependant le sous-sol demeure propriété de la nation et la plupart du temps son exploitation est confiée à des multinationales qui pillent et saccagent sans considération pour les occupants ni pour l’environnement.
(Lire aussi : La grande révolte indienne, de Yvon Le Bot, éd. Laffont, 2009)
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