Par Justine Fontaine
Plus d’un million de personnes ont défilé dans les rues de Santiago du Chili vendredi 25 octobre – sans compter les manifestations dans d’autres villes du pays – pour protester contre les inégalités sociales. Sur plus de deux kilomètres, les gigantesques avenues qui mènent à Plaza Italia, dans le centre de Santiago, débordent de manifestants. Ces Chiliens, dont beaucoup de jeunes, demandent le départ du gouvernement et des réformes profondes pour mieux redistribuer les richesses du pays.
« Nous vivons des jours historiques, estime Javiera Herrera, étudiante, qui manifeste tous les jours depuis une semaine. Car nous ne pouvons pas continuer ainsi, à nous endetter pour acheter à manger, pour nous soigner, pour payer nos études. De quelle qualité de vie peut-on parler dans ces conditions ? Les gens en ont marre ! »
Changement profond
Les manifestants, d’abord mobilisés contre la hausse du ticket de métro, demandent des réformes sociales profondes – dans l’un des pays les plus inégalitaires au monde – mais aussi la fin de la répression contre les manifestants, qui a fait des centaines de blessés.
Mais ils n’ont pas été convaincus par les annonces faites jusqu’à maintenant par le gouvernement de Sebastian Piñera. Le président de droite, l’un des hommes les plus riches du Chili, a promis d’augmenter les minima vieillesse de 20%. Il a par ailleurs annulé l’augmentation du prix du ticket de métro et du prix de l’électricité. Mais les manifestants souhaitent un changement beaucoup plus profond : par exemple, une réforme radicale du système de santé public, très critiqué, et du système de retraites, privatisé dans les années 1980 sous la dictature du général Pinochet.
Violences policières
Depuis le début du mouvement, plus de 500 personnes ont été hospitalisées après avoir été blessées par des armes à feu, des tirs au plomb ou des tirs de flashballs. Maximiliano Leiva, étudiant et photographe amateur le constate tous les jours: « Ils visent directement la foule.
Les gens luttent avec de simples casseroles et cuillers en bois, mais eux nous visent avec des flashballs et des bombes lacrymogènes. » Plusieurs personnes ont aussi dénoncé avoir été victimes de tortures de la part des forces de l’ordre ou arrêtées chez elles par des policiers sans mandat d’arrêt. Une délégation du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme est attendue dès lundi au Chili pour examiner ces accusations.
Le président Sebastiañ Piniera a déclaré de son côté avoir « entendu le message ». « La foule, joyeuse et pacifique, défile aujourd’hui avec des Chiliens qui demandent un Chili plus juste et solidaire. Cela ouvre de grands chemins d’avenir et d’espérance », a déclaré le chef de l’État sur Twitter. « Nous avons tous entendu le message », a-t-il ajouté… (RFI, 26 octobre 2019)
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