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Début mars, au Guatemala, fut réalisé le “ Tribunal de Conscience pour les Femmes survivantes de Violences sexuelles durant le conflit armé ”. Des femmes, dont beaucoup d’indigènes, ont apporté leur témoignage sur les violences subies par plus de 30 000 d’entre elles durant les 36 années de conflit armé, jusqu’à la signature de la paix en 1996.La violence contre les femmes est présente dans toutes les sociétés. Mais pour comprendre l’exceptionnelle gravité qu’elle revêt au Guatemala, il faut rapprocher les assassinats actuels – plus de 700 en 2009, avec une augmentation de 160 % de 2003 à 2007 – et les violations de droits humains subies par les femmes durant les 36 ans de conflit armé.
Le viol fut une pratique généralisée au Guatemala, tant par l’armée que par les Patrouilles d’auto-défense civile. L’armée était consciente que le viol était une arme efficace pour nuire aux femmes et rompre le tissu social de la communauté en provoquant, outre les séquelles physiques et psychologiques, une grande stigmatisation. Viols et massacres faisaient partie de la politique de la “ terre brûlée ”.
Ce passé a des liens avec le présent. L’histoire actuelle des assassinats de femmes au Guatemala est la suite de l’ancestral système d’oppression contre les femmes, ainsi que de l’impunité et du silence autour des violences commises contre elles durant la guerre.
C’est en raison de cette grande impunité que fut créé le “ Tribunal de Conscience ”, organe alternatif qui, bien que n’étant pas un organe judiciaire officiel, jouit d’une forte légitimité, doté d’experts et de professionnels compétents. Après avoir réalisé les études pertinentes et entendu les témoignages, le Tribunal de Conscience émet des recommandations en direction des organes judiciaires, du ministère public et des instances gouvernementales.
Il s’agit aussi de sensibiliser la société sur la violence sexuelle comme problème social. “ Les femmes veulent être écoutées, elles demandent justice, elles veulent que la population sache qu’elles ne sont pas coupables et que la violence sexuelle est une stratégie de guerre, une manifestation du patriarcat, subtilement forgée, universellement acceptée et renforcée par les coutumes, par la religion, par la politique, par la cuture et le droit, ce qui paradoxalement la convertit en pratique parfaitement légitime et honteusement impunie.”
Des actions comme celle du Tribunal de Conscience nous rapprochent de la justice et de la possibilité de réparer des actions passées pour pouvoir construire une société sans inégalités ni injustices, dans laquelle les femmes seront libres sur le plan économique, politique, social et culturel.
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