mai 2010 (Sources : ALAI, REBELION, TELESUR)
Durant quatre ans, des chercheurs ont suivi dans toute la région amazonienne les activités relatives aux hydrocarbures, et ils ont dressé une carte complète des explorations de pétrole et de gaz. La carte montre que ces régions couvrent déjà les deux tiers de l’Amazonie au Pérou et en Equateur. Quand on examine les localisations des gisements, on s’aperçoit qu’ils coïncident avec les secteurs de la plus grande biodiversité. Les compagnies consacrent en moyenne sept ans à explorer une région, couper des arbres, effectuer des prélèvements, avant de décider si elles passent à la production. Puis commence la phase de développement : on ouvre des chemins, forages et tuyaux envahissent la forêt. Chaque compagnie agit individuellement, sans s’inquiéter de savoir si d’autres chemins proches existent déjà.
35 multinationales pétrolières opèrent dans 180 zones des forêts amazoniennes de Bolivie, de Colombie, de l’Equateur, du Pérou et de l’ouest du Brésil, régions où vivent de nombreux groupes ethniques indigènes, qui préfèrent vivre dans un isolement volontaire total. Sur 64 implantations pétrolières au Pérou, 58 affectent des terres où vivent des communautés isolées.
Selon le représentant de l’organisation « Tierra es Vida »( La Terre, c’est la Vie ) : « Cette manière d’entreprendre des explorations d’hydrocarbures telle qu’elle s’effectue dans l’Amazonie occidentale constitue une grossière violation des Droits des Peuples Indigènes de la région. Il existe des accords internationaux et des lois interaméricaines des droits de l’Homme qui reconnaissent aux Peuples Indigènes le droit à leurs terres et interdisent explicitement l’octroi de concessions pour exploiter des ressources naturelles sur leur territoire sans leur libre consentement. » La résistance indigène accroit son organisation et acquiert de l’efficacité au niveau national et international.
En Equateur a surgi un signe porteur d’espoir avec l’initiative de Yasuni.Le parc Yasuni situé dans la région amazonienne équatorienne, dans les provinces d’Orellana et Pastaza, est la région de plus grande diversité biologique du monde. Il couvre 982 000 hectares. Le 20 novembre 1979, Yasuní a été déclaré Parc National. En 1989, il a fait son entrée dans la Réserve Mondiale de la Biosphère, dans le cadre du programme de « l’Homme et la Biosphère » de l’UNESCO.
De ce fait, les seules activités qui peuvent y être développées, pour garantir l’équilibre et la non pollution, sont : » les activités coopératives compatibles avec des pratiques écologiques rationnelles, comme l’éducation relative à l’environnement, les loisirs, le tourisme écologique et la recherche appliquée basique ». En 1999, une partie du Parc a été déclarée comme « Zone Protégée », délimitée en 2006. Il s’agit d’espaces protégés d’une importance culturelle et biologique exceptionnelle, où aucun type d’activité extractive ne peut être réalisé à cause de sa valeur environnementale, non seulement pour la région, mais pour le pays et le monde.
La nouvelle Constitution de l’Equateur reconnaît les droits de la Nature. Les impacts prévisibles de l’activité pétrolière dans le parc sont : la pollution, la déforestation, la destruction du tissu social, l’extinction de cultures, etc…Et la biodiversité en Amazonie doit être considérée comme un bien commun mondial car c’est la plus grande source d’oxygène du monde.
Dans l’initiative Yasuní-ITT, le gouvernement équatorien propose de laisser sous terre presque mille millions de barils de pétrole. (Le sigle ITT fait référence aux réserves pétrolières du corridor : Ishpingo, Tambococha, Tiputini, situé dans ce parc). L’exploitation de ce pétrole lourd pourrait rapporter à l’Equateur de 5 à 6 milliards de dollars, avec un prix à 70 dollars le baril. En échange, l’Equateur propose à la communauté internationale de lui verser une contribution de 50% de la valeur de ce pétrole non exploité, en se basant sur le principe de coresponsabilité vis-à-vis des problèmes environnementaux globaux.
L’économie de l’Equateur est fondée pour au moins 50 % sur les revenus du pétrole. Les réserves de l’ITT représentent 20 % du total des réserves du pays. En n’exploitant pas ces réserves, l’Etat équatorien se prive donc d’un revenu substantiel, mais son choix s’explique par son souci de lutter contre le réchauffement climatique et contre la perte d’une très riche biodiversité, contre la pollution des sols et la déforestation et contre la dégradation des conditions de vie des habitants. Exploiter le pétrole de cette zone où vivent des peuples indigènes signifierait aussi réduire leur territoire et violer le droit international.
Comment seraient utilisés les fonds recueillis par l’Initiative ITT ? En développant d’autres formes d’énergie : hydraulique, géothermique, éolienne ou solaire. En procédant à une vaste reforestation, en investissant en faveur des aires protégées, ou dans des réalisations sociales et la création d’emplois.
Ce projet est exemplaire et veut créer l’élan pour un nouveau mode de développement qui ne soit plus fondé sur l’extraction des ressources naturelles et qui tienne compte de la nature. Il est vivement souhaitable que les gouvernements participent financièrement à ce projet. Si cette initiative réussit, elle pourrait donner lieu à d’autres du même type.
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